Albi et son histoire

L’Histoire a retenu la cathédrale et plus largement la cité épiscopale d’Albi mais l’histoire de la cité ne se limite pas à cela.

 

Les origines d’Albi

La présence des Hommes sur les bords du Tarn ne date pas d’hier. Il apparaît que les Rutènes, un peuple Gaule s’installe dans le futur territoire d’Albi au IVème siècle av. JC.
Comme toute la Gaule, le territoire d’Albi sera conquis par les Romains vers 120-100 av. JC. Leur oppidum aurait pris place dans le quartier de Saint-Salvy. Bourgade de moindre importance, la cité ne se romanise pas au travers de temple, d’arènes ou autres. Le territoire est intéressant car il permet le commerce au travers de l’installation d’un port sur les berges du Tarn. 
La Notice des Cité des Gaules mentionne la Civitas Albiensium, en l’an 375. Une administration s’installe tout comme la religion chrétienne avec son premier évêque Diogène qui exerce en 405.

A la chute de l’Empire Romain, il existera nombre de domaine gérés par des petits ou grands seigneurs, c’est le cas pour Albi qui est sous la domination de la famille Didier-Salvi. En effet, les Francs prennent le contrôle de la région en 507. De cette famille va naître Saint-Salvy. Ayant étudié le droit, Salvi devient avocat et exerce dans les fonctions administratives. Il finit par se retirer en ermite et sera solliciter par la populace qui fera de lui l’évêque d’Albi, en 574. Salvi aura de l’influence sur le Roi Chilpéric, dont dépend l’Albi d’alors. Le saint serait mort en 587, on lui voue un culte à partir du VIème siècle dans le Tarn.

Au cours du VIIème siècle, la ville est en proie à un grand incendie. A la suite de temps de luttes et de guerres, Albi retrouve la quiétude à la faveur de l’arrivée des seigneurs d’Ambialet, les Trencavel, qui deviennent Vicomte d’Ambialet et d’Albi. La ville sera fortifiée et le nombre de ses habitant va rapidement augmenter. 

 

Le moyen-âge à Albi

Dans la seconde moitié de Xème siècle, l’évêque d’Albi reçoit des terres, du comte de Toulouse et du Vicomte d’Albi, autour de l’ancienne église Saint-Salvy et fait dès lors construire une abbaye romane. En 1060, la tour nord s’élève : elle est construite comme un campanile, faisant office de clocher et de tour de guet. On distingue les éléments de cet époque dans la base de la tour nord.

Parallèlement, ce sont des quartiers entiers de la ville qui émergent vers les terres, la muraille permet cet accroissement de la population. Faisant montre de la richesse de la cité, le Pont-Vieilh sera construit vers 1035. Il apporte un prestige à la ville du fait qu’il est un des rares endroit ou franchir le Tarn inférieur. Il existe toujours mais subira au fil du temps des modifications en termes de largeur et un appareillage de brique.

Le XIIème siècle est un temps de prospérité pour la cité. En terme politique, le vicomte perd son autorité au profit de l’évêque. La maison Fenasse prouve la prospérité de la ville. Témoin de l’art roman civil, elle fût bâtie par une famille bourgeoise : l’activité se tenait dans le bas de la maison sous l’arche et l’habitation fût éclairée par l’arcade ouvragée de pierre. Guilhem Fenasse, perdra sa demeure au début du XIVème siècle quand il sera condamné pour hérésie. Sa maison sera offerte au neveu du Pape Clément V.

Malheureusement pour Albi, elle est le centre du mouvement cathare au début du XIIIème siècle. Ce mouvement est lié à un rejet de la pensée et de la pratique catholique dictée par l’Église Romaine et son représentant le souverain pontife. Le mouvement cathare prend un grand ampleur est l’Église sent son autorité décroitre et va donc lancer une croisade contre les Albigeois. La croisade avec à sa tête Simon de Montfort atteint rapidement Albi. La cité se rend sous l’influence de son évêque, Guilhem Peyre, mais verra néanmoins la collégiale Saint-Salvy être en partie détruire comme pour punition de son implication dans « l’hérésie cathare ». L’autonomie de la ville vis-à-vis de son vicomte s’en trouve renforcée. Le pouvoir de l’évêque est seulement limité par l’autorité royale.

Ainsi donc, un cloître est rebâti à partir de 1270 par Vidal de Malvési, artiste qui aura l’honneur de reposer dans le cloître au sein d’un mausolée accolé à la collégiale.

L’évêque va affirmer la loyauté de la ville à l’Église Romaine en faisant bâtir la cité épiscopale. En effet, à cette époque et dans des circonstances qui lui sont favorables, l’évêque Bernard de Castanet et son prédécesseur vont démarrer la construction de la cathédrale Sainte-Cécile et du Palais de la Berbie, siège de l’évêque. L’érection du palais de la Berbie a lieu à partir de 1254. A la fois palais et forteresse, c’est un lieu de pouvoir et de prestige qui sera achevé en 1308.

L’évêque d’Albi pose la première pierre de la cathédrale Sainte-Cécile le 15 août 1282. Il faudra plus de deux siècles pour achever la cathédrale que nous connaissons. 

Le siècle suivant est un ensemble d’affrontement entre l’évêque, les ecclésiastiques, les bourgeois et la populace d’Albi pour le pouvoir dans la cité. A l’abri de ses remparts, la cité regarde passivement les guerres entre les seigneurs. Malgré tout, ces murailles de faibles consistances ne pouvaient être suffisantes pour toujours défendre la cité. Ainsi, de 1340 à 1390, la construction de remparts, fossés, palissades, de tours aller coûter cher à la cité pour les siècles à venir mais allaient également assurer sa sécurité. 

La ville fut divisée en six quartiers, six « gaches » administrés par des consuls, ayant chacun ses propres murailles. Alors que la Pont-Vieux fut fortifié, un pont-levis s’éleva à chacune de ses extrémités. Les moulins, les ateliers, les dépôts, devaient être sécurisés. Pour achever la transformation de la cité, on fit construire une tour de guet sur l’ancienne tour romane de la collégiale Saint-Salvy, en 1387.

 

Albi et la renaissance

Au début du XVème siècle, la peste et la Guerre de Cent Ans marque un recul de l’économie. Il faut attendre la nomination de Louis d’Amboise, en 1474, en tant qu’évêque d’Albi pour un retour de l’essor de la ville, coïncidant avec la production et la vente du pastel et du safran. La culture de la plante herbacée que l’on nomme pastel permettant de créer un colorant bleu va faire la richesse de nombre de Bourgois de la ville. 
De fait, la cathédrale Sainte-Cécile est consacrée le 23 avril 1480.

En 1503, Louis II d’Amboise devient à son tour évêque d’Albi. Ayant suivi le roi Louis XII en campagne en Italie, il a pu y découvrir des artistes italiens. Il en fait venir pour décorer les voûtes de la cathédrale Sainte-Cécile. Nombre d’artistes sont mis à la tâche, de 1509 à 1512, pour que la totalité des voutes soient recouverte d’un splendide décor.

À cette même époque, l’on voit fleurir dans le centre de la cité des maisons aux belles façades. D’abord les maisons de seigneurs bâties de briques et de pierre blanches, surmontés de fenêtres à tonneaux et d’escalier à vis. Le marchand pastellier Rogier de Reynès qui fait partie de la riche bourgeoisie de l’époque témoigne de la richesse de la ville grâce l’hôtel particulier qu’il se fait bâtir, entre 1520 et 1530, dans le centre de la cité. L’hôtel Reynès est un assemblage de briques et de pierre établi sur une ancienne tour de l’hôpital Saint-Jacques qui sera surélevée par le marchand. On peut la désigner comme une demeure d’exception à la faveur de la loggia à l’italienne dans la cour de l’hôtel. Comble de la grandeur, le marchand fait sculpter les portraits du Roi François Ier et de la Reine Éléonore d’Autriche comme pour les inciter à la visite.

Ensuite, une deuxième catégorie de maisons se répand, celles de bourgeois ou divers marchands aisés faisant bâtir des maisons à colombages usant de briques et de bois comme la maison Enjalbert

Les revenus de l’évêché d’Albi sont énormes ce qui en fait un siège d’importance. Dans le contexte de la montée du calvinisme, le pouvoir épiscopal ne sera pas donné à n’importe quel prélat. On choisir souvent des hommes italiens. De fait, Albi est partie prenante de la Ligue. La Ligue est un ensemble de catholiques qui défendent à l’extrême la religion catholique contre le protestantisme. Cette Ligue trouvera plate forte au sein du Palais de la Berbie jusqu’en 1598, année où Henri IV devient Roi de France.

Le déclin du pastel, au XVIIème siècle, finit par toucher la ville dont la prospérité n’est plus qu’un souvenir. 

 

Albi depuis la Révolution Française

La cité catholique perd de son pouvoir et de son influence avec la Révolution Française. Les biens de l’évêché sont vendus et le plais de la Berbie devient de siège du département jusqu’en 1823.
La cité trouve un nouveau souffle grâce à l’extraction du charbon et à la ligne de chemin de fer qui passe par Albi, à partir de 1864. La métallurgie et la chapellerie vont s’implanter dans la ville offrant de nouveaux débouchés. 

Aujourd’hui, Albi est forte de son patrimoine et de son tourisme tout en ayant un pôle de recherche et d’innovations sur les énergies durables.