VIIIème siècle : Rombaut à Malines
Possiblement issu d’une famille de la noblesse écossaise, Rumbold, Rumoldus ou Rombaut est un missionnaire envoyé évangéliser les païens vivants à proximité de la Dyle (l’actuelle province d’Anvers). Au cours de son périple, il s’installe près de la Dyle et fonde une petite communauté chrétienne qui deviendra plus tard Malines. La légende dit que Rombaut fut un homme vivant simplement, austère et prompt à défendre les plus pauvres. L’homme prie, médite et aura la volonté de combattre tous les abus.
Toujours selon la légende, après avoir repris deux ouvriers concernant leur conduite, les deux hommes l’auraient assassiné. Il meurt donc vers 775, son corps aurait été jeté dans la Dyle puis retrouvé. Son tombeau deviendra assez rapidement un lieu de pèlerinage. Jusqu’à ce que les ossements du saint soient déposés dans un reliquaire argenté.

VIIIème-IXème siècle : Formation de Malines
Après la mort de Saint Rombaut, un lieu de culte est bâti en son honneur. Autour de ce lieu de culte va fleurir un bourg sans doute très animé au vu des nombreux pèlerins venant demander un miracle à Saint Rombaut. À la même époque, un petit port de commerce occupe la rive gauche de la Dyle, sans doute à l’emplacement de l’actuelle Korenmarkt.
Les raids Normands font que les reliques du saint sont déplacées. La petite ville sera détruite par les Normands. L’évêque Notger de Liège aura à cœur de reconstruire Malines et surtout le lieu de culte, sans doute une belle source de revenu pour le bon évêque. Une église sera donc reconstruite sur l’emplacement du saint, dont les reliques sont de retour, et le petit bourg acquiert ses fortifications primitives en bois.

870 : Traité de Méersen
La petite ville de Maline devient une seigneurie des princes-évêques de Liège.

XIIIème siècle : une cité médiévale en construction
Le culte de Saint Rombaut attire toujours nombre de fidèles. L’évêque décide alors de bâtir la plus grande et la plus belle des églises. Elle sera bâtie avec trois nefs en forme de croix latine. Sa construction débute vers 1200 et se poursuivra pour obtenir l’actuelle, imposante et merveilleuse cathédrale, jusqu’au XVIème siècle.


Les fortifications de terre du XIème siècle sont remplacées par un ensemble en pierre, érigé entre 1264 et 1268. Ce rempart implique des tours et une douzaine de portes dont la Porte Supérieure était la plus haute, elle est appelée aujourd’hui Brusselpoort. Construite au XIIIème siècle, elle fut la plus haute des portes de la ville. Elle sera surélevée au début du XVème siècle avec des pierres de couleur plus claires. Elle échappe à la démolition et trouve son nom (Brusselpoort) dans le fait qu’une route vers Bruxelles part de cette porte.

L’an de grâce 1272, la cité de Malines est frappée par la peste. À l’extérieur des portes des braves gens demeurant dans le faubourg d’Hanswijk portèrent leur statue de la Vierge dans la cité en passant par l’une des portes. Du fait de la peste les portes étaient fermées mais la légende raconte que la Porte de Bruxelles s’ouvrit toute seule et que la procession pu entrer dans la cité. L’épidémie se serait alors arrêtée. Une procession sera dès lors organisée chaque année pour remercier la Vierge de Hanswijk.

La ville est relativement prospère et elle se rassemble pour organiser au travers d’une autorité communale pour défendre ses intérêts auprès de des princes-évêques de Liège mais également à titre commercial. Ainsi donc, en 1288, l’on bâtira la Maison Échevinale. Elle sera le premier hôtel de ville de Flandre construit en pierre. Le bâtiment fait montre de la force de la ville, il sera à tour de rôle : hôtel de ville puis tribunal au XIIIème siècle ; siège du grand conseil et du Parlement de Malines au XVème siècle et depuis 2018 elle accueille l’Office de Tourisme (Visit Mechelen).
Une autre empreinte du XIIIème siècle est conservée à Malines : Grootburg (grand pont). En partant de la Porte de Bruxelles, le plus ancien pont de pierre de Flandre dessert l’axe vers Grotemarkt et la cathédrale Saint Rombaut. Cet axe principal et historique est parsemé des pépites de Malines.

1301 : Malines et sa charte
En ce début du XIVème siècle, Malines est une seigneurerie dominée par une famille de grand propriétaire : les Berthout. Jan Berthout et le Duc Jean II de Brabant parviennent à s’entendre et offrent une charte à Malines. Cette charte permet à la petite cité florissante d’obtenir une certaine autonomie, notamment administrative. Douze échevins composeront un collège « dirigeant » la cité. Parallèlement, la cité obtient un droit d’entreposage des céréales, du sel et du poisson. Ce droit attire la jalousie d’autres cités.
Malines fière et forte de son succès va bâtir sur Grote Markt son Halle aux Draps. On édifie le bâtiment entre 1311 et 1326. Dans le même temps on démarre la construction d’un Beffroi sur la Halle au Draps malheureusement par manque de finances, la construction ne sera jamais achevée. On y ajoutera un toit au XVIème siècle.

En 1333, Louis de Nevers, Comte de Flandres, acquiert Malines. Elle sera cédée au duc de Brabant en 1357. À la mort de Louis de Male, le Duc de Brabant, sa fille Marguerite hérite de la cité qui passe sous l’influence bourguignonne du fait du mariage entre Marguerite et Philippe le Hardi, le Duc de Bourgogne.
XIVème siècle : Malines Bourguignonne

En l’an de grâce 1452 devait débuter le chantier de la Tour Saint-Rombaut. L’imposante tour ne sera jamais achevée. Elle servira de Beffroi pour la cité et également de chambre forte pour les documents précieux de la ville, telle sa charte. 514 marches mènent au somme et de la tour culminant à 97,28 mètres, malgré son inachèvement.
Jouissant de certains privilèges, la ville de Malines est jalousée par d’autres citées. La ville garde des denrées importantes telles que l’avoine et le sel. Les bateliers se révoltent et un conflit naquit. Le duc interviendra et prononcera des jugements sévères qui seront amoindris par le clémence du Duc.
Le Duché de Bourgogne est un ensemble imposant qui mérite une administration efficace. En 1473, Charles le Téméraire, le Duc de Bourgogne, établit le Parlement de Malines qui n’est autre qu’une institution judiciaire gérant l’ensemble des cours de justice du duché. Le Parlement de Malines est ouvert en 1474 lors d’une séance solennelle où le Duc ne sera pas présent. Malgré tout, il sera représenté sur une peinture rappelant l’évènement.

Charles le Téméraire meurt en 1477. Marguerite d’York, sa veuve, s’installe à Malines. Cette même année, Malines acquiert plusieurs maisons pour construire un palais à l’évêque de Cambrai. Réattribué à Marguerite d’York, le palais sera agrandi. Il se compose d’un jardin, d’une cour d’honneur, d’une salle du conseil et d’écurie. Marguerite s’y installe en 1480, elle y accueillera Philippe Ier le Beau, en 1482, pour y passer son enfance.

XVIème siècle : entre apogée et chute
L’histoire de Malines la bourguignonne est honorée d’une seconde Marguerite : Marguerite d’Autriche. Petite-fille de Charles le Téméraire, fille de Maximilien Ier, Marguerite devient Gouverneur des Pays-Bas à partir du 18 mars 1507. Elle décide d’installer sa Cour et sa « capitale » administrative et politique à Malines. Elle s’installe dans la Cour de Savoye, en face de la Cour de Cambrai qui fut le palais de Marguerite d’York.

En parallèle du nouveau statut de la cité, de nombreux nobles et fonctionnaires vont s’installer et faire bâtir des hôtels particuliers comme la famille van Busleyden. A partir de 1506, Hiëronymus van Busleyden est nommé au Grand Conseil et va donc faire agrandir la demeure familiale pour qu’elle convienne à sa fonction. L’homme est humaniste et amateur d’art et veut une maison de prestige. Les Keldermans, une famille d’architectes, vont être appelés à réinventer la maison dotée de deux ailes principales, d’une galerie donnant sur une belle cour et d’un beau jardin. Il recevra nombre d’invités de la Cour de Marguerite d’Autriche. Bombardée en 1914, la remarquable demeure deviendra un musée en 1938.


Femme forte et dirigeant ferme, Marguerite d’Autriche est avant tout une femme pour qui l’intelligence prime. Sa Cour reçoit des penseurs comme Érasme ou Thomas More, des artistes comme Jan van Eyck ou Jérôme Bosch, et d’autres … qui font le rayonnement humaniste et artistique de la cité.
N’oublions pas que c’est à Malines que seront élevés le futur Empereur Charles Quint et la future Reine d’Angleterre Anne Boleyn, le neveu et la nièce de Marguerite d’Autriche. Le pouvoir et le statut de Marguerite seront confirmé par le jeune Charles Quint.
En 1526, Grote Markt se transforme avec le début de la construction du palais du Grand Conseil. L’aile nord du Beffroi sera démolie par bâtir le nouveau bâtiment. Conçu par Rombout II Keldermans, le palais ne verra à cette époque que son rez-de-chaussée bâti faute de moyens financiers. Il sera achevé entre 1900 et 1911 en application des plans originaux.


Marguerite d’Autriche meurt le 1er décembre 1530. Elle fût connue par une circulation de son portrait dans les Cour européennes et sera reconnue comme une grande femme de pouvoir, qui restera associée à Malines. Marie de Hongrie lui succède en tant que gouvernante générale des Pays-Bas. Malheureusement pour Malines, la Cour est transférée à Bruxelles, la cité perd donc son importance et son rayonnement.
A mesure que la ville perd de son importance, ses habitants sont gagnés par le mécontentement. Ainsi en 1572, la cité prend les armes aux côtés des Provinces-Unies contre la monarchie espagnole, ce qui conduit au saccage de la ville par les forces espagnoles.
De 1566 à 1585, la cité n’accepte pas la domination espagnole et la ville sera pillée, saccagée et surtout mise au pas par ses maîtres.

XVIIème et suivant : déclin et valorisation de l’histoire de la cité
Malines était forte de son industrie drapière qui stagne avant de décliner. Malgré tout, la dentelle, les tapis sont toujours présents sur les quais de la cité. On travaille le cuivre et l’on fabrique des canons ce qui aide la ville à survivre.
Le déclin certes mais la cité se bat et continue à essayer de rayonner comme le montre Haverwerf.
Haverwerf est le quai où l’on décharge et entrepose les céréales. Pour cause, les droits obtenus dans de meilleures époques de la ville impliquent que les navires doivent faire escale dans la cité et vendre leur cargaison pendant trois jours avant de poursuivre leur périple.
Ce quai est fort d’une popularité, celle des trois maisons aux façades de bois près du pont : la maison Saint Joseph, la maison du Fils Prodige et la maison du Petit Paradis.

À partir du XIXème siècle, la ville prend conscience de la richesse de son patrimoine, du besoin de le conserver et démarre les premières restaurations.
En 1998, le Grand Béguinage est classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
