Trianon-sous-Bois

« J’ai fait Versailles pour ma Cour, Marly pour mes amis et Trianon pour moi. »  - Louis XIV, Roi de France et de Navarre

Du Trianon de porcelaine au Trianon de marbre

Le domaine royal de Versailles est le rêve devenu réalité du Roi Soleil, Louis XIV de France. En 1670, Louis XIV fait bâtir par Louis Le Vau un premier château : Trianon de Porcelaine. Bâtiment impliquant nombre de pièces en faïence, il est fragile et cessera de plaire au Roi, il est donc démoli en 1687. La même année, le Roi confie à Jules-Hardouin Mansart le soin de bâtir un nouveau palais. L’architecte va faire sortir de terre un palais à l’italien de plein pied. Bien que le palais soit à le disposition du Roi, il est bâti dans des proportions suffisantes pour accueillir la famille royale, loin de la Cour. A cet effet, en 1707, l’aile de Trianon-sous-Bois est dotée d’un premier étage. Un intérieur blanc orné de boiseries permet de meubler et de tapisser selon l’envie. Malgré tout, l’extérieur du bâtiment est recouvert de marbre rose du Languedoc.

« Renaissance » de Trianon

La Révolution Française ne laisse pas de traces à Trianon, si ce n’est d’avoir vendu le mobilier. Napoléon Ier fait usage du Palais contrairement à ses successeurs. Napoléon III transformera le Grand Trianon en musée en 1851. Au début du XXème siècle, il est entendu de remeubler et surtout de redonner au palais son état historique.
Le Général de Gaulle arrive au pouvoir en 1958. La Vème République entre en vigueur le 4 octobre 1958. Il semble nécessaire que la Présidence de la République puisse se doter de nouvelles résidences pour accueillir les hôtes de prestiges. André Malraux, le Ministre des affaire culturelles du Général de Gaulle, visite le Grand Trianon le 3 août 1959. Le palais est déjà en travaux, réfection de la toiture, mais il est avant la visite dans l’esprit de Malraux que ce lieu de prestige serait très adapté pour les relations internationales de la politique du Président de la République. Deux ans plus tard, le Général de Gaulle et André Malraux visitent le Grand Trianon. Il faut attendre août 1962 pour la validation du projet : l’aile gauche dévolue aux chefs d’états étrangers et leurs suite et Trianon-sous-Bois est réservé aux appartements présidentiels.

Une partie des frais de restaurations et d’aménagement sont supportés par le ministère de Malraux. Les travaux d’envergure démarrent en août 1962. Trois années seront nécessaires pour restaurer le vénérable palais. Les parquets, les boiseries, les décors, tout est démontés pour moderniser le bâtiments, notamment au niveau électrique et des commodités de l’époque. 45 millions de francs vont permettre cette restauration impliquant 100 fenêtres, 7 600 m2 de boiseries, 3 120 m2 de parquet, 58 mètres de câbles mais surtout 250 ouvriers sur le chantier.
On privilégie l’architecture de la fin de règne de Louis XIV mais l’on ameublement avec le style Empire de 1809 et les œuvres de Cotelle réintègrent la galerie, à partir de laquelle en traversant la chapelle de Louis-Philippe pour arriver à Trianon-sous-Bois.
Charles de Gaulle et André Malraux inaugurent le Grand Trianon restauré le 10 juin 1966.

Un rez-de-chaussée très officiel

L’accès à Trianon-sous-Bois se fait soit par la Galerie des Cotelle soit depuis le perron de l’aile de Trianon-sous-Bois. Ce second accès semble bien plus adapté car l’introduction auprès du Président de la République suit un chemin matérialisé par diverses pièces, qui semble être des niveaux d’accès comme c’est le cas au Palais de l’Élysée.

Salon de Huissiers

Après avoir monté les quelques marches du perron, le visiteur se présente dans le Salon des Huissiers. Cette pièce est une création « moderne ». En effet, elle est la réunion de quatre petites pièces. Ce Salon reprend les codes du Salon des Seigneurs : les murs lambrissés blancs, le sol en dallage blanc et noir et surtout du mobilier précieux. La cheminée en marbre provient sans doute du Grand Trianon et sera apportée dans ce salon. Le bureau mécanique fut fabriqué sous le Premier Empire, entre 1805 et 1815, il est constitué d’acajou et de bronze doré auquel sera ajouté un écritoire couvert de cuir. Les fauteuils et les chaises proviennent de la Maison Jacob Frères. Ce raffinement de style empire conduit vers le Président de la République, monarque de Trianon-sous-Bois.

 

Salon d’attente

Lorsque l’invité ou le visiteur se voit accordé le privilège d’accéder au Président de la République, il va ensuite passer quelques minutes au sein du Salon d’attente. Ce salon est installé à l’ancien emplacement d’une chambre d’un des enfant du roi Louis-Philippe Ier. Bien entendu, la pièce a eu droit à un réaménagement complet. On rapatrie un canapé et des fauteuils qui ornaient autrefois un salon du Palais de Fontainebleau, produit par l’ébéniste Jean-Pierre Louis à la demande du régime impérial. Le style empire est bien présent ici et pour contraster avec les assises verte l’on tend les mure d’un bleu puissant. On agrémente ce salon d’une formidable tapisserie représentant Apollon, provenant des atelier de Beauvais produit vers 1700.
Des tables à jeux du règne de Louis-Philippe Ier seront détournée pour devenir des tables d’appoints aux extrémités du canapé et accueillir les luminaires, téléphone mais aussi un boitier de commande.

Bureau du Deuxième Aide de Camp

En franchissant un nouveau seuil, on se rapproche du Président de la République. Nous voilà donc dans le Bureau du Deuxième Aide de Camp. Collaborateur d’importance, il travaille sur un bureau en acajou du XXème siècle. On ajoute également des meubles venant du Mobilier National en provenance de multiples lieux. Des tableaux de dessus de portes des collections de Louis XIV, un somno provenant de la garde-robe de Marie-Antoinette, des candélabres fabriqués en 1805 et provenant du Palais des Tuileries, … Cette pièce richement lambrissée de panneaux finement sculptés et ouvrant sur le jardin.

 

Bureau du Premier Aide de camp

L’invité accède dans cette nouvelle pièce au plus proche collaborateur du Président de la République, le Bureau du Premier Aide de Camp. Au premier regard, la pièce semble similaire à la précédente avec l’aménagement de son mobilier mais également sa belle ouverture sur les jardins. Le style empire est toujours le fil rouge mais cette fois-ci l’on compte nombre de pièces fabriquées sur le Premier Empire. Ainsi, le bureau en acajou et bronze doré est daté de 1810, quatre fauteuils de Jean-Pierre Louis fabriqués en 1810 et autres luminaires, guéridons, vases et pendules. 
Un pièce d’exception mérite d’être citée : la pendule représentant la Toilette de Vénus. Fabriquée en 1807, elle fut destinée au boudoir de l’Impératrice Joséphine dans le Palais de Saint-Cloud. Les matériaux de hautes qualités laissent passer le regard vers le miroir et psyché. Pendant la Restauration, la pendule est envoyée au Grand Trianon dans la chambre du Duc d’Orléans.

Bureau du Président de la République

L’invité accède enfin au saint des saint : le Bureau du Président de la République. Le bureau est la plus grand pièce de Trianon-sous-Bois et la plus lumineuse étant ouverte sur le jardin par trois grandes fenêtres. Un mobilier d’exception est présent dans cette pièce en rapport avec la fonction de son occupant et le besoin de faire montre de la grandeur de la France par le prestige et le luxe du mobilier. On découvre un mobilier d’assise (canapé, six fauteuils et deux chaises) fabriqués de 1815 à 1830, époque Restauration, et provenant du mobilier du prestigieux Palais de Saint-Cloud. On retrouve d’autres pièces empire : des candélabres, console, guéridon, des appliques, des tables à jeux, … A l’arrière du bureau, l’on trouve une porte dissimulée dans la tapisserie qui mène à un escalier desservant les appartements privés du Président de la République au premier étage. Justement on découvre le bureau du Général de Gaulle. Meuble Empire impressionnant en acajou et reposant sur huit pieds aux pattes de lion, il dégage de la puissance du Président. On associe une autre pièce d’exception à ce bureau : un fauteuil de bureau en acajou. Ce siège fut fabriqué dans l’atelier de l’ébéniste Jean-Baptiste Séné vers 1800. Ce fauteuil arrive à Trianon en 1846 puis à Trianon-sous-Bois en 1958.

Salon du Président de la République

La pièce suivant est un salon destiné au Général de Gaulle, pièce où il peut recevoir ses proches collaborateurs ou certains invités de manière moins protocolaire.  La pièce d’apparence plus simple reste néanmoins très prestigieuse. On y voit un canapé provenant du Mobilier National accord avec six fauteuils et trois chaises d’époque Restauration, provenant du Palais de Saint-Cloud. Le bureau d’acajou de 1810 par Jacob-Desmalter provient du Palais de Fontainebleau. N’oublions pas les somptueux vases de la maison Thomire de bronze doré transformés en luminaires. Autre pièce surprenante, la table basse, une ancienne banquette transformée.

 

Salle à manger du Président de la République

La dernière pièce du rez-de-chaussée de Trianon-sous-Bois est la Salle à manger du Président de la République. Cette salle à manger est placée dans une position stratégique : on peut relier la Galerie des Cotelle et le Grand Trianon depuis la chapelle ; on accède aux jardins par la fenêtre ; la proximité avec le Bureau du Président de la République ; à l’arrière de la place on trouve un escalier menant au cuisines en sous-sol.
La pièce est dominée par un vaisselier en acajou acquis en 1965, on y trouve des pièces d’un service de Louis-Philippe Ier qui aurait été utilisé au Grand Trianon. 
Au centre de la pièce, la table est dressée selon les règles protocolaires du Palais de l’Élysée. Aux premier temps d’usage de cette aile du Grand Trianon, la vaisselle était même apportée de l’Élysée mais pour des raison de fragilité on fera commander à la manufacture de Sèvres, un « service Trianon », ici présenté. On y découvre un couvert fin et élégant, sans grande complexité.

Par ailleurs, Trianon-sous-Bois possède aussi ses pièces habitables. On installe un escalier desservant l’appartement du Général de Gaulle et de ses successeurs avec le confort moderne (électricité, téléphone, eau courante, mobilier de bain, …). L’appartement du Général de Gaulle est composé d’un salon, un chambre et un bureau privé, que j’espère pouvoir un jour visiter.
 
En bref, la République, au travers du Général de Gaulle, conquiert Trianon-sous-Bois qui permet une adaptation du régime républicain dans le palais des rois, témoin privilégié de la monarchie française. Ainsi, le château de Versailles passe du seul rang de musée à celui de Résidence Présidentielle secondaire et de lieu d’importance pour la démocratie, reprenant par là même une partie des attributions que lui furent données par le Roi Soleil.