Direction les Hauts-de-France et plus précisément le département de l’Aisne pour découvrir un château inachevé. La Ferté-Milon est un nom qui ne résonne sans doute pas dans votre esprit et pourtant c’est dans cette petite cité que naquit Jean Racine le 22 décembre 1639. La cité accueillera également le mariage entre Jean de La Fontaine et Marie Héricart en 1647.
Église Notre-Dame, La Ferté-Milon
Cependant, il nous faut remonter les siècles pour entendre conter l’histoire du château de la Ferté-Milon.
La Ferté-Milon, cité du Duché de Valois
Sous l’occupation romaine, la zone est occupée par des gaulois et forment les Vandicasses. Sous la dynastie mérovingienne, on parle du Vadensis ayant pour capital Vez.
Sous la dynastie carolingienne, il apparaît le comté héréditaire du Valois. Ce comté est dès lors associé au Comtés du Vexin et d’Amiens. Alors que le Comté passe de mains en mains au grès des mariage, il finit par être rattaché au royaume de France par le Roi Philippe-Auguste en 1185.
Le comté de Valois est transmis à des fils ou second fils des Rois jusqu’à être transmis à Charles, fils de Philippe III le Hardy, qui fonde la Maison de Valois. Charles n’est autre que le père du futur Philippe VI qui élève la Maison de Valois à porter la Couronne de France.
La capitale de ce Comté est Vez avant que ne lui soit préférée Crépy-en-Valois. Il reste néanmoins que La Ferté-Milon reste une commune importante, située à proximité de Villers-Cotterêts, qui sera très tôt fortifiée.
Louis d’Orléans
Fils du Roi Charles V et de la Reine Jeanne de Bourbon, Louis naquit à Paris le 13 mars 1372. Ce prince de la Maison Capétienne sera en opposition voir en guerre très souvent avec les Ducs de Bourgogne, Philippe le Hardi et Jean Sans Peur.
Il est le possesseur de nombre de titre notamment Duc de Valois, Duc de Touraine, Comte de Château-Thierry, de Soissons, … baron de Coucy … seigneur de Fère-en-Tardenois … et surtout Duc d’Orléans en 1392.
Son frère, Charles VI, devient Roi en 1380. Il est proche de ce Roi et devient partie prenante de la politique Royale. Malheureusement, à partir de 1392, son frère sombre dans la folie et les Ducs de Bourgogne vont dès lors lorgner vers le trône mais surtout vers les possessions royales.
Dès lors Louis d’Orléans ne cesse de vouloir défendre son frère le Roi et le Royaume devenant di facto l’ennemi de ceux qui pensent utiliser la faiblesse du Roi. Les entrées du Duc d’Orléans au Conseil Royal se font plus difficile mais grâce à l’appui de la Reine il pourra évincer les Bourguignons, c’est ainsi que Jean Sans Peur voyant le pouvoir s’éloigner veut frapper fort et finit par faire assassiner Louis d’Orléans provoquant une guerre qui amènera les Anglais et les Bourguignons à faire main basse sur la France. La situation du Roi de France Charles VII est au plus mal alors que l’arrivée de Jeanne d’Arc sauve la mise.
L’étendue des conséquences de l’assassinat de Louis d’Orléans permet de montrer la position du seigneur et maître du château de La Ferté-Milon.
Un château inachevé
Louis d’Orléans est un homme puissant qu’il faut abattre. Ce faisant l’homme va s’assurer de ses possessions en y faisant bâtir de puissants châteaux.
Le Duc possède de nombreux fiefs dans la région : Château-Thierry, Pierrefonds, Coucy. La Ferté-Milon occupe bonne position pour être chargée de défense.
A l’emplacement du château actuel ce dressait un fort d’aspect assez brut et simple de conception plutôt désigné comme une tour de guet dans les écrits. Par ailleurs, il ville est à l’époque fermée d’une muraille assez simple qui va être revue par Louis d’Orléans : vingt-quatre tourelles, quatres portes ayant chacune deux tours chacune précédées de fausses portes pour tromper l’ennemi. Plus encore, les murailles sont renforcées par de larges fossés.
Tour des remparts, La Ferté-Milon
Bien entendu, la position se doit d’avoir un château sur les hauteurs et c’est de ce fait que la tour de guet est abattue, ses fondations sont renforcées et l’on commence l’élévation du nouveau château.
La construction de la façade occidentale est entreprise sur 102 mètres de long et 28 mètres de haut. L’on peut y découvrir une immense porte d’entrée en arc brisé qu’un pont-levis devait desservir et une herse protéger. Au sommet de ce portail l’on trouve un haut-relief ayant pour thème Le Couronnement de la Vierge, reprenant l’imagerie classique byzantine. Fait de trois blocs principaux on y retrouve à droit Dieu le père, agenouillée devant lui la Vierge escortée par des anges dont certains tienne la traîne de la Vierge et un autre dépose une couronne sur la tête de la Vierge. Sur le linteau, aux pieds de la Vierge et de Dieu, l’on trouve les armes de Louis d’Orléans portés par des anges.
Couronnement de la Vierge, château de La Ferté-Milon
Sur chacune des tours, l’on découvre des Preuses posées sur un piédestal sculpté des armes de Louis d’Orléans. Le motif est ici végétal, la scène est moins solennelle. Par ailleurs, les anges des armoiries sont remplacés par les loups des forêts du Valois que l’on retrouve dans nombre d’exemples où les armoiries du duc d’Orléans sont présentes.
Preuse, château de La Ferté-Milon
L’observation de la façade nous permet également de voir les trois niveaux et à flanc de murs le chemin de ronde qui aurait sans doute existé.
Approchant de la Tour du Roi l’on se rend compte aisément du futur ordonnancement des pièces.
Tour du Roi, château de La Ferté-Milon
Cheminant vers l’intérêt de la façade, la surprise est grande l’on de l’expérience de puissance l’on rencontre ici la ruine de l’inachevé mais la vision reste impressionnante et nous permet de voir les cheminées déjà bâties dans les murs.
Mur intérieur, château de La Ferté-Milon
Les canons ajoutés plus tardivement dans le parc renseigne de la fonction de forteresse du château et renforcent la puissance du lieu.
Château de La Ferté-Milon