Château-Thierry

De passage dans l’Aisne, mes pas m’ont mené à Château-Thierry. Certains connaissent cette ville comme étant le lieu de naissance de Jean de La Fontaine, l’auteur bien connu des enfants qui en apprennent les Fables à l’École. Voulant à savoir plus, je me suis plongé dans l’histoire de Château-Thierry grâce à l’ouvrage de l’abbé Poquet, s’appuyant sur des faits ou des approximations qui dresse le portrait de cette contrée de l’Aisne.

Fondation

Comme son nom l’indique, Château-Thierry, la fondation de la ville est liée à un château qui y fut bâti. Remontons le temps et allons au VIIIème siècle, le Roi de Neustrie Chilpéric II affronte Charles Martel, le maire du palais d’Austrasie, en 718 qui en ressort vainqueur et conquiert ainsi l’Aisne, l’Oise, la Marne et la région bordant la Seine. A cette époque, Charles Martel fait bâtir un château dans l’Aisne pour le futur Thierry IV, Roi des Francs, l’hommage est important pour ce Roi éphémère. Il faudra peu de temps pour que le fils de Charles Martel, Pépin le bref, devienne le Roi des Francs et incarne un pouvoir fort.
Le château d’alors ne nous est pas parvenu, il occupait la place du château actuel.

Château de Château-Thierry

Château de Château-Thierry

Sous le règne de Louis-le-bègue, les choses évoluent. La faiblesse du Roi est exploitée par nombre de grands personnages créant ainsi des duchés, des comtés, des marquisats et autres diverses seigneureries. En 877, Héribert Ier, le comte de Vermandois prend possession des comtés de Soissons, Senlis et Château-Thierry. S’en est terminé du souvenir du Roi Thierry IV, la cité devenant un comté secondaire.
 
A l’aube du second millénaire, en 945, le comté change de main et entre dans celles du seigneur Thierry. Quoiqu’il en soit quelles années plus tard, le comté revient dans le giron de la Maison de Vermandois. Le seigneur Thierry va être celui qui va rebâtir le vieux château, secoué par deux siècles de fortunes et d’infortunes.
Les années 950 voient l’arrivée de barbares venus de Germanie et c’est dans cette optique que les Francs se rendent à l’abris de puissantes murailles, qui en feront l’une des plus puissantes forteresses de l’époque.
Les décennies suivantes se passent bien pour la cité qui s’agrandie et prospère et se rapproche de la ville actuelle. 

Les Comtes de Champagne

A la mort du Comte Thibaud III, Henri réunit les provinces de son père et devient le premier à porter le titre de Comte de Champagne. Quelques temps après avoir reçu son titre, le Comte se fait Templiers et part en croisade, Thibaud II devient donc Comte et la ville devient une possession importante du Comte, dont il fait embellir le château avec notamment la construction d’une chapelle dédiée à Saint Thibaud.
Les conflits étant nombreux en France, les Comtes furent souvent avec ou contre le Roi et devinrent puissant et de ce fait, en 1285, le Roi Philippe IV le Bel épouse Jeanne de Navarre, Comtesse de Champagne et réunit la Champagne au Domaine Royal.

La cité royale

La cité prospère et se voit accordée de nombreux droit en tant que plus grande place du comté.
Pendant la Guerre de Cent Ans, bien que résistant à l’envahisseur Anglais et affichant une forte loyauté à l’autorité royale française, le siège de la ville détruit en partie la glorieuse forteresse qui finit par tomber en 1421 comme le château d’Oulchy.
1429 voit un tournant dans l’occupation. Après avoir fait cesser le siège d’Orléans, Jeanne d’Arc réussit à franchir les lignes ennemies pour faire sacrer le Roi Charles VII à Reims. Le seigneur de Châtillon qui commande les forces anglaises trouve refuge à Château-Thierry. La division française très forte commandée par la Pucelle en personne fit peur aux Anglais tenant la cité. Le 29 juillet 1429, Jeanne d’Arc entrait dans la cité par la porte Saint-Pierre, qui en conserve l’heureux souvenir.

Porte Saint pierre, Château-Thierry

Porte Saint pierre, Château-Thierry

La France médiévale est largement chrétienne et se dressent des églises dans la ville. L’église saint-Crépin nous est parvenu. Sa fondation date du XIIème siècle. Suite à la Guerre de Cent ans, elle sera reconstruite entre 1487 et 1520, l’église-halle surprend par sa finesse. 

Eglise Saint-Crépin, Château-Thierry

Eglise Saint-Crépin, Château-Thierry

La ville que Jeanne d’Arc délivre n’est plus la fière cité d’avant … En 1479, le fort Saint-Jean endommagé fût rebâti notamment le donjon qui nous est parvenu sous le nom de Tour Balhan. Elle tient son nom de Jean Balhan qui offrit la cloche du beffroi, en 1520. 

Jean de La Fontaine

L’une des « gloires » de la ville est Jean de La Fontaine. L’illustre poète est natif de Château-Thierry, son père, Charles de La Fontaine, fut le Maître des eaux et forêts de la cité. Jean naquit dans la cité, au 12 rue Jean de La fontaine, le 8 juillet 1621.

Maison natale de Jean de La Fontaine, Château-Thierry

Maison natale de Jean de La Fontaine, Château-Thierry

Le bâtiment construit pendant la renaissance est une demeure très élégante pour l’époque et offrant un confort de vie. Jean en hérite en 1658. Ses finances étant limitées, il devra vendre la maison familiale en 1676. Malgré tout, un musée y sera installé nous permettant de découvrir le lieu de vie d’un illustre poète ainsi qu’une belle collection permettant la découverte de l’œuvre de l’artiste.

Statue de Jean de La Fontaine, Château-Thierry

Statue de Jean de La Fontaine, Château-Thierry

Château-Thierry au cœur des batailles

En 1814, alors que l’Empire de Napoléon Ier s’effrite la fameuse Campagne de France laisse son empreinte dans la ville. La tactique impériale permet de remporter des batailles durant ce que l’on nomme la « Campagne des six Jours ». En effet, alors que les Prussiens et les Russes avance en France, la Grande Armée doit tenir la Marne. Les prussiens tentent d’encercler l’armée mais bien vite l’infanterie française oblige l’armée prussienne à battre en retraite sur Château-Thierry. Arrivée au pont de la Fausse-Marne, la cavalerie française attaque la masse de soldats prussiens en retraite et la victoire est consommée.

Porte du château, Château-Thierry

Porte du château, Château-Thierry

Château-Thierry est encore en première ligne au moment de la Première Guerre Mondiale. Tout comme en 1814, les Prussiens veulent forcer la Marne pour atteindre Paris mais c’est sans compter sur la résistance des armées alliées qui tiennent cette ligne en 1918, la ville est alors sur la ligne de front et connaîtra toutes les affres de la guerre. En souvenir de cette grande offensive du 18 juillet 1918, il sera construit le monument américain de Château-Thierry. Le monument se dresse fièrement sur la hauteur de la ville. Le rappel est clair, on peut lire en dessous de l’aigle : « Le temps ne ternira pas la gloire de leurs exploits. »

Monument américain de la côte 204, Château-Thierry

Monument américain de la côte 204, Château-Thierry