Actuellement intégré à la Province de Flandre orientale, Gand est une importante cité belge. Gand jouit d’une formidable situation géographique. En effet, la ville est au confluent de la Lys et de l’Escaut, deux rivières qui permettent le commerce. Il faut remonter en 650 pour comprendre la fondation de Gand. Saint Amand venant évangéliser fonde l’abbaye Saint-Pierre (Sint-Pietersabdij) et l’abbaye Saint-Bavon (Sint-Baafsabdji). Autour de ses abbayes vont se former des quartiers importants, suivra un troisième quartier, celui du marché, et ainsi Gand fut formé.
Lion, Sint Veerleplein, Gand
Le Comté de Flandre
Le 29 juin 840, le fils de Charlemagne, Louis le Pieux, s’éteint. Dès lors, l’Empire Carolingien est divisé en trois royaumes par le Traité de Verdun de 843. Charles le Chauve hérite d’une grande partie de la France moderne, son territoire s’arrête au nord avec l’Escaut, dont Bruges et Gand font partie.
Depuis 745, il existe le Pagus Flandrensis, une province administrative qui comprend notamment la cité de Bruges. Il sera la base de la création du Comté de Flandre. Dans le même temps, les attaques de Vikings font rages et mettent la région à feu et à sang … La Maison Baudouin est influente dans la région et, en 863, Baudouin Ier dit Bras de Fer, est investi du titre de Comte de Flandres par le Roi Charles le Chauve. Alors que la capitale du comté est établie à Bruges, le Comte décide de faire fortifier ses grandes cités : Bruges, Gand et Arras.
L’édification du château
Le Comte Baudouin Ier de Flandres entoure Gand de fortifications. Sur le site de l’actuel château (gravensteen en néerlandais) diverses constructions se succèdent du fait d’un emplacement jugé stratégique. Le petit-fils de Baudouin Ier, Arnoul Ier de Flandre remplace la résidence seigneuriale bâtie en bois par un premier édifice en pierre, sans doute une résidence fortifiée.
Il faut attendre l’année 1180 pour que la demeure des Comtes devienne une forteresse. La Maison d’Alsace accède à la direction du Comté de Flandre, en la personne de Philippe d’Alsace qui y régna de 1157 à 1191.
Philippe d’Alsace, Basilique du Saint-Sang, Bruges
Le Comte de Flandre est confronté aux familles argentées de Gand dont le pouvoir s’étoffe. La cité a, de plus, une position centrale dans le Comté. Pour raffermir son emprise sur Gand, Philippe d’Alsace va bâtir une forteresse. Cette forteresse s’appuie sur les vestiges du donjon primitif et sur les fondations des anciens bâtiments, par soucis d’économies. Le donjon en pierre devait s’élever à 25 mètres, avoir deux étages principaux avec pour chacun une grande salle. Ce donjon plat serait surmonté d’un champ de ronde, d’un parapet a créneaux et flanqué de quatre tourelles. Ce donjon sera placé sur une motte artificielle et entouré d’une puissante enceinte comprenant un châtelet d’entrée.
Par la suite, le château est transformé selon les usages. Il sera atelier de la Monnaie puis accueillera le Conseil de Flandre en 1407.
En 1780, l’Impératrice Marie-Thérèse vend le château qui devient une usine de filature.
La ville finit par racheter les terres du château en 1870. Il est décidé de restaurer le château médiéval. Joseph De Waele est employé à la tâche. Il va détruire tout ce qui n’est pas médiéval afin de restaurer la vieille forteresse dans son état médiéval.
Le château des Comtes « retrouvé »
Le château dont prend possession Joseph De Waele ne ressemble plus au château médiéval. Il aura la lourde tâche de restaurer la forteresse.
Fenêtre, Château des Comtes de Flandres, Gand
Toutes les maisons d’ouvriers situées aux abords seront démolies tout comme les éléments liés à la filature. Il s’en sort un « cimetière » de murs qu’il est difficile d’appréhender, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. La. Restauration ayant réussi nous découvrons un ouvrage sui nous transporte hors du temps pour se poser à l’époque de Philippe d’Alsace.
Château des Comtes de Flandres, Gand
Ce qui frappe le visiteur qui aperçoit le château pour la première fois est la couleur de la pierre, on y retrouve du calcaire tournaisien et du grès et forte quantité sur la ceinture.
L’entrée au château se fait par un système de double porte. D’abord, le châtelet d’entrée rectangulaire de 20 mètres, construction monumentale qui est relativement authentique étant donné une restauration légère.
Châtelet d’entrée, Château des Comtes de Flandres, Gand
Avant d’accéder dans la cour, l’on passe par la tour carrée, elle est une véritable seconde porte qui permet de renforcer les défenses de la forteresse.
Tour carrée, Château des Comtes de Flandres, Gand
L’on accède aisément au donjon après une légère volée de marches.
Donjon, Château des Comtes de Flandres, Gand
Au rez-de-chaussée l’on accède à la grande salle du donjon qui est à la fois immense et inquiétante au vu de la couleur sombre de la pierre.
Rapidement nous passons au premier étage où l’on accède aux annexes sud-est et nord-est qui forment un large couleur agrémenté d’une cheminée, et de fenêtres faisant pénétrer la lumière du soleil au sein de la forteresse.
Cheminée, Château des Comtes de Flandres, Gand
L’on accède au premier étage du donjon dans une salle « d’armes » qui expose armures, côtes de mailles et armes d’époques médiévale.
Armure, Château des Comtes de Flandres, Gand
Corne, Château des Comtes de Flandres, Gand
L’escalier aux nombreuses marches nous fait accéder à la plateforme aux mures crénelés qui offre l’un des plus belles vues de Gand.
Vue de Gand
En descendant quelques marches l’on accède à la partie résidentielle. L’on découvre la chambre plutôt minuscule d’Élisabeth de Vermandois que Philippe d’Alsace épouse en 1156 afin d’avoir la main mise sur les Comtés du Vermandois, d’Amiens et de Valois.
Chambre d’Élisabeth de Vermandois, Château des Comtes de Flandres, Gand
La modeste chambre de la Comtesse ne laisse pas présumer de l’espace réservé au Comte de Flandre, Philippe d’Alsace. La chambre est grande, elle laisse entrer la lumière et peut permettre de recevoir, l’on comprend donc la considération du Comte pour son épouse.
Chambre du Comte, Château des Comtes de Flandres, Gand
La descente nous permet d’avoir un aperçu des oubliettes au travers d’une grille.
Escalier, Château des Comtes de Flandres, Gand
La surprise qui nous attend n’est pas des moindres : une salle de style gothique aux colonnes sombres et une voûte en pierre qui accueille à l’époque le Conseil de Flandre.
Salle du Conseil, Château des Comtes de Flandres, Gand
La sortie dans la cour nous permet d’admirer le chemin de rondes aux vingt-quatre tourelles.
Chemin de ronde, Château des Comtes de Flandres, Gand
Foulant le chemin de rond l’on est emmené vers la tour carrée où nous attends une dernière plongée au sein du monde médiévale au travers de la salle des gardes que l’on peut imaginer foisonnante de bruit d’armes et de conversations. Regarder vers le fond cette ouverture en forme de croix, elle signifie que le seigneur des lieux fût chevalier des croisades.
Salle des gardes, Château des Comtes de Flandres, Gand
La visite du château est fort agréable pour tout passionné de l’époque médiévale ou simple visiteur venant comprendre le fonctionnement d’une forteresse ou encore pour les amateurs de cette puissante architecture qui est un des rares témoins d’une forteresse circulaire de l’époque médiévale. Le lieu est également une clé d’entrée dans l’histoire de Gand et de la Flandre.
Château des Comtes de Flandres, Gand