Le monde médiéval ne cesse de nous surprendre. Pendant des siècles, l’on a voulu retrancher cette époque à un obscurantisme profond, à la peur, à l’absence de lumière et de couleur alors qu’il en est tout autre. Les peintures murales que l’on a pu retrouver dans des églises, le savoir-faire des bâtisseurs de cathédrales, l’émergence du pensée allant vers la Renaissance mais surtout les œuvres enluminées qui nous laissent rêveur. Le manuscrit du Duc de Berry, objet de cette chronique, est sans doute le plus célèbre de cette époque du fait de ses couleurs, de la précision de ses personnages et de leurs expressions mais également par le fait du témoignage d’une époque au travers de son calendrier. En 1871, Le Duc d’Aumale, de retour d’exil, entrepose le chef d’œuvre dans un coffre au décor somptueusement orfévré.
Contexte historique et artistique
Sans doute réalisé entre 1411 et 1485, il est une œuvre du XVème siècle. Le contexte historique est assez incertain : la Guerre de Cent Ans n’est pas achevée en 1411, l’instabilité politique dans le Royaume de France mais surtout dans une période où les pratiques artistiques et intellectuelles sont très présentes.
L’œuvre est à l’initiative de Jean de France, Duc de Berry (1340-1416). Le Duc est le frère du Roi Charles V et l’oncle des rois Charles VI et Louis XI de France. Tout comme son frère, il entreprend la constitution d’une librairie rassemblant moult savoirs. Il sera un grand mécène et collectionneur de manuscrits, de tapisseries et d’objets de luxe.
Le Duc de Berry commande un livre d’heures (livre de prières) aux frères Paul, Herman et Jean de Limbourg en 1411. Ce n’est pas un hasard si le Duc passe commande aux trois frères, ils sont considérés comme des prodiges du fait d’un sens important du réalisme, de l’usage d’une lumière « naturelle », de personnages aux expressions laissant passer des émotions et bien évidemment par la diversité et les détails des paysages représentés, comme dans l’illustration du Paradis. 1416 marque un tournant dans l’œuvre. En effet, le Duc et les frères de Limbourg décèdent, sans doute atteints de la peste.
Barthélémy d’Eyck poursuit l’œuvre en 1446 sur demande de la Maison Royale. Jean colombe achève l’œuvre en 1485. Il semblerait que 28 artistes et artisans soient intervenu dans la création de ce chef d’œuvre. Il semblerait que l’œuvre aurait appartenu à Marguerite d’Autriche, la puissante gouvernante des Pays-Bas au XVIème siècle, puis à des familles puissantes de Gênes. En janvier 1586, il est proposé à Henri d’Orléans d’en faire l’acquisition. Il intègre donc les formidables collections du château de Chantilly.
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