Berthe Weill, une découvreuse d’avant-garde

À paris, Berthe Weill naquit le 20 novembre 1865. Au sein d’une fratrie de six enfants, elle est la fille de Salomon Weill, juif alsacien d’origine modeste. Berthe est placée chez l’antiquaire Salvator Mayer, en apprentissage, qui va l’éveiller aux commerce de l’art. Après le décès de Salvator Meyer, elle ouvre avec son frère Marcellin une petite boutique d’antiquaire.

Elle ouvre sa galerie le 1er décembre 1901, à Montmartre : « Ma résolution est inébranlable ; on verra bien ! » - Berthe Weill
Dès lors, elle expose des artistes d’avant-garde qui sont en dehors des normes du Salon. Elle n’aura de cesse au cours de sa carrière de combattre l’antisémitisme, le sexisme et les grands marchands plus attirés par le profit que par la proposition d’œuvres contemporaines et de nouveaux talents. Elle loue, en 1903, la boutique adjacente pour agrandir sa proposition des jeunes talents. Galériste précaire, elle vend également des livres et des gravures et va finir par se faire une réputation. En 1933, Berthe Weill sera la première galériste à publier un recueil de ses 30 ans d’activité au service de l’art et des artistes : Pan ! Dans l’œil …
Aujourd’hui oubliée, l’exposition de l’Orangerie (2025) permet de remettre sur le devant de la scène une femme de l’ombre, artiste à sa manière.

Berthe Weill et ses premières découvertes

Ayant fraîchement pris son indépendance, Berthe laisse la place à la peinture de son époque. En 1900, avec l’Exposition Universelle, le jeune espagnol Pedro Manach apporte des œuvres de jeunes artistes qui se vendent. Pablo Picasso partageant un atelier avec Manach, elle sera la commerçante à déceler le potentiel de l’artiste et à acheter ses trois premiers tableaux, une série de taureaux, qu’elle vend aisément avec un petit bénéfice et quelques temps plus tard Le Moulin de la Galette.
Manach souhaite organiser une exposition avec les jeunes peintres. Berthe accepte cet évènement fortuit qui va être un moment important dans sa carrière. Elle acquiert des étoffes pour habiller son commerce mais plus encore appose sur la devant : « Galerie B. Weill ».
L’année suivante, Pablo Picasso est présent à la seconde exposition de Berthe avec plusieurs œuvres dont Nature morte (1901). L’œuvre annonce l’entrée dans la période bleue de l’artiste, avec une première apparition de cette froide couleur. On observe un ensemble très asymétrique mais relativement harmonieux et équilibré où l’artiste fait usage de couleur comme pour imprimer des émotions. La misérable condition humaine est ici dénoncée. : la solitude, la misère, la thématique de l’alcool et le jeune Picasso partage ce quotidien.

Une autre œuvre d’importance est présentée au sein de la galerie : La Chambre Bleue (1901). 
L’œuvre appartient à la période bleue de l’artiste qui dénote le froid, la tristesse, l’isolement, la reflexion et dans le même temps une critique des difficultés des classes populaires parisienne. Dans cette œuvre Picasso met l’accent sur la dimension émotionnelle de l’œuvre en faisant appel à la nudité qui traduit un mélange de douceur, de mélancolie, de simplicité et de fragilité du sujet. Détail intéressant, l’œuvre est peinte sur une précédente œuvre, un portrait d’homme, signalant ainsi la précarité financière de Picasso, à cette époque. 

Un jeune clerc de notaire propose également ses œuvres à Berthe Weill : Henri Matisse. Berthe évoque son œuvre en ses termes : « Nature mortes de qualité, figures qui me stupéfient ; j’en ai pris quelques-unes pour essayer d’y intéresser les gens ». Son œuvre Première nature morte orange (1899), nous laisse entrevoir l’attrait de la galériste pour le travail de Matisse. L’hommage rendu au quotidien est très différent de celui de Picasso. En effet, Matisse se lance à corps perdu dans la couleur avec l’orange qui contraste avec les autres plus simples, plus attendues tout en conservant la construction de la tradition classique. 

LA SUITE EST À VENIR PROCHAINNEMENT !!!!!!