André Metthey, Céramiste en quête de couleur

« S’il est logique de voir les potiers du Beauvaisis travailler le grès, il est déplorable de voir un céramiste parisien négliger une terre merveilleuse qu’il pourrait employer à la conception de la faïence d’art. » - André Metthey, 1907

Portrait d’André Metthey, Jean Plumet

Portrait d’André Metthey, Jean Plumet

André Metthey, sculpteur

André Metthey naquit le 4 juin 1871 à Laignes en Côte-d’Or. Installés à Dijon, il travaille chez un marbrier où il commence à se familiariser avec la matière et ce que l’on peut en faire, il n’a alors que 12 ans. En parallèle, il se met à suivre des cours d’art industriel à l’École des Beaux-Arts de Dijon. Il poursuit son parcours à Paris où il devient apprenti sculpteur ornemaniste. En 1892, il part faire son service militaire, il en profite pour suivre des cours de dessins proposés par la ville d’Auxerre. Dans cette même ville, il gagne un concours de dessin et obtient comme prix L’histoire de la céramique signé Édouard Garnier.

La pratique de la céramique n’est pas novatrice à l’époque de Metthey. Elle est un art que l’on retrouve tout au long de l’Histoire, dans presque toutes les civilisations. Cet « art du feu » apparaît bien avant le verre ou le métal, on en retrouve notamment à la période néolithique. La pratique suppose la maîtrise des quatres éléments « naturels » : la terre, l’eau, le feu et l’air. Faite d’argile, la céramique se décompose en plusieurs formes : la poterie, la faïence ou encore la porcelaine. Objets du quotidien ou objets d’ornements ou d’agrément, l’on retrouve des céramiques à toutes les époques.

Son idée est de devenir céramiste. Ainsi, alors ornemaniste le jour, il s’adonne à la pratique céramiste dans le quartier de Montrouge à Paris. Il sera amené à fabriquer lui-même un four et fabriquer des œuvres avec du grès ou de la faïence stannifère (terre cuite ocre recouverte d’un émail blanc).

André Metthey est un adepte de cet art : « De tous les arts, le plus ancien, la céramique est néanmoins celui qui est resté le plus proche de ses origines, le plus assujetti aux lois primordiales de la matière ; mais de là vient aussi la beauté savoureuse quand de ces éléments primitifs – un tas de pierre posé sur un tour, modelé puis cuit au four – la main et le cerveau d’un artiste tirent des formes harmonieuses aux décors somptueux. »

Adam et Ève, André Metthey, Faïence, 1909

Adam et Ève, André Metthey, Faïence, 1909

Sous le règne de Louis-Philippe Ier, Jules-Claude Ziegler offre une nouvelle vitalité au grès. Le peintre de la coupole de La Madeleine voyage et va découvrir la céramique et le grès, c’est ainsi qu’il va rapporter l’idée de ce matériau très résistant, facile à modeler, créant des œuvres qui se vendront à prix d’or. André Metthey va lui aussi s’intéresser au grès, notamment au grès japonais qu’il découvre lors des expositions universelles. Il utilisera cette matière pour réaliser « La Pensée », œuvre issue d’une collaboration avec Denys Puech, aux airs d’œuvres grecques du IVème siècle avant notre ère.

La Pensée, André Metthey, grès, 1903-1906

La Pensée, André Metthey, grès, 1903-1906

Les avant-gardes

Le terme d’avant-garde désigne généralement un ou des mouvements artistiques que l’on peut désigner comme précurseurs ou en avance sur une pratique.

André Metthey tourne de nombreuses céramiques pour ses contemporains. Il faut dire que cette pratique d’apposition d’émaux et de nombreuses couleurs sur du grès n’est pas des plus évidente, mais le résultat est au rendez-vous.

Il naîtra de cette collaboration l’« École d’Asnières ». Elle rassemble une vingtaine de peintre, mais la raison prime sur l’intérêt et le manque de débouché commercial fait que l’aventure sera brève. Malgré tout, Metthey collaborera avec Maurice Denis. Peintre, décorateur, designer, Maurice Denis est un grand nom de l’art dont il deviendra théoricien. Reprenant les thèmes de ces créations pour le travail de la céramique, la collaboration est réussie comme c’est le cas avec Le Printemps.

Le Printemps, Maurice Denis – André Metthey, faïence stannifère, 1907

Le Printemps, Maurice Denis – André Metthey, faïence stannifère, 1907

Les Fauves

Le 18 octobre 1905, le Grand-Palais accueille le Salon d’automne, c’est à cette occasion qu’est « découvert » le fauvisme dans la salle VII regroupant des œuvres de peintres tels que le jeune Henri Matisse.

Court mais éclatant, ce mouvement où la couleur est fortement usitée s’articule autour de trois peintres : Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck.

Les artistes de ce mouvement viennent à Asnières exercer leurs talents sur les céramiques d’André Metthey. Matisse utilise la blancheur de l’émail pour représenter Théodora dans une composition sobre que vous pouvez découvrir ci-dessous.

Assiette à tête de jeune femme, Henri Matisse - André Metthey, Faïence stannifère, 1907

Assiette à tête de jeune femme, Henri Matisse - André Metthey, Faïence stannifère, 1907

Une autre remarquable collaboration est celle avec l’artiste Pierre Girieud. Bien que bref son passage est lié à l’envie d’ouvrir une industrie de faïence que ne se fera jamais. Il nous laisse cependant un sublime témoignage à retrouver ci-dessous. Assiette à décor d’une danseuse, Pierre Girieud - André Metthey, Faïence stannifère, 1908.

Assiette à décor d’une danseuse, Pierre Girieud - André Metthey, Faïence stannifère, 1908.

 

La visite de l’exposition André Metthey du MUDO de Beauvais m’a permis la découverte d’un art particuliers mais fondamental celui de la céramique. Tout en apprenant l’intérêt du travail de la céramique, l’on peut appréhender la découverte de belles collaborations d’artistes et la vivacité du monde artistique.

Dessin offert au Musée Galliera, Maximilien Luce, 1909

Dessin offert au Musée Galliera, Maximilien Luce, 1909