Sandro Botticelli

Partons à la découverte d’un artiste qui a marqué l’histoire : Sandro Botticelli. Découvrir Botticelli, c’est avant tout découvrir la situation de Florence au XVème siècle.

La république florentine acquiert son indépendance en 1115, année où Cosme l’Ancien prend le pouvoir sur la cité, à la mort de la Comtesse Mathilde de Toscane. Cette république marquera l’histoire du fait du nom qui y est associé : Médicis. En effet, Cosme l’Ancien devient, en 1434, gonfanonier de Florence et assure la politique de la république grâce à sa fortune et à la banque familiale. Florence va connaître des turbulences à la mort de Laurent le Magnifique en 1492 et finir, deux années plus tard, dans le giron de Savonarole, un frère dominicain qui instaure un régime théocratique.

 

L’avènement de Botticelli

 

Le 1er mars 1445, à Florence, naissait Alessandro fils de Mariano Filipepi qui exerce la profession de tanneur. Botticelli est un surnom qui lui est donné (« petit tonneau ») et par lequel il sera connu.

Bien que ses origines soient modestes, Alessandro commence un apprentissage chez un orfèvre, qui lui permettra de découvrir ses talents mais également cet attrait vers la précision des formes et des contours.

Vingt ans après sa naissance, il entre dans l’atelier de Fra Filippo Lippi. Lippi entre dans les ordres, bien qu’il ne respecte pas le vœu de chasteté, ce qui le conduira à exercer sa passion :  la peinture, qui se révèlera être sa véritable vocation. Lippi entrera au service des Médicis et exercera son art dans la production de nombre de chef d’œuvre religieux, à ce titre il sera l’un des artistes les plus fameux du Quattrocento.

Le Quattrocento est la période qui s’étend des années 1420 à 1500 : elle rompt avec le gothique, le symbolisme religieux du moyen-âge, et vient placer l’homme au centre du monde (humanisme), Florence est le foyer de cette « première renaissance ».

Revenons à Botticelli, il passera trois années dans l’atelier de Lippi, il travaillera sur les fresques de la Cathédrale de Prato. La Vierge à l’Enfant avec un ange (1465) est la première œuvre attribuée à Botticelli, on y retrouver l’influence de Lippi.

Vierge à l'enfant

Vierge à l'enfant, Sandro BOTTICELLI (1467)

Cependant, c’est au côté de Verrocchio qu’il développe son style, travaille sur les perspectives et le réel incarné dans des madones où il prendra grand soin des anges. L’atelier de Verrocchio lui permet de rencontrer d’autres artistes en pleine ascension comme Léonard de Vinci, et c’est sans doute au fil de ses rencontres qu’il conçoit la nécessité d’ouvrir son propre atelier. Ce sera chose faite en 1470, grâce au soutien des Médicis dont il obtient sa première commande officielle : La Force (une allégorie).

L’iconographie religieuse occupera une place importante dans les débuts de Botticelli : l’on retrouve ainsi l’Adoration des Mages réalisé en 1475 qui met en scène la Cour des Médicis et où il se représentera s’identifiant comme dans le sillon de cette auguste famille.

 

L’artiste humaniste

 

La première renaissance renoue avec les textes classiques de l’antiquité tel Platon, Cicéron, Aristophane, … Ce renouveau n’est pas sans conséquence sur l’art. Les œuvres vont se référer à la mythologie mais également à l’Homme lui-même et en arriver à une renaissance humaniste, Botticelli est un des artistes qui en sera partie prenante. Il semble vouloir représenter dans ses œuvres la beauté de l’Homme et peut-être même la compétition entre l’humain et le divin. En replaçant l’homme au cœur du monde, il va penser la beauté, l’idéal humain et divin.

L’humanisme de Botticelli sera reconnu et la Cour de Médicis, qui en sera le foyer, orientera le peintre vers des œuvres extraordinaires : Pallas et le Centaure (1480-1483) et La Naissance de Vénus (1484). Dans ses deux œuvres, l’on retrouve l’art de la perspective mais également l’humanisme au travers d’expression et de regards si humains que la vie les habitent. Cette habileté se retrouve également dans les portraits que l’artiste peint tout au long de sa vie mais aussi dans ses nus mythologiques.

Botticelli a besoin de modèles pour représenter l’humanité et c’est ainsi qu’il fera la connaissance de celle qui aurait été la plus belle femme de son époque : Simonetta Cattaneo. Cousine par alliance d’Amerigo Vespucci, son mariage aura lieu à Florence où sa réputation la précèdera (« la bella Simonetta »). Botticelli se servira de sa beauté dans plusieurs œuvres : Pallas et le centaure, le Printemps, … son atelier la peindra également, le Portrait de jeune femme (1480) est une œuvre extraordinaire qui sera le fer de lance de l’exposition Botticelli du Musée Jacquemart-André.

Portrait de jeune femme

Portrait de jeune femme, Atelier de Botticelli (1480)

N’oublions pas que Botticelli sera également l’auteur de deux illustrations de la Divine comédie de Dante. Dante étant un poète fort apprécié dans la florence de l’époque, Laurent le Magnifique aurait même tenter de rapatrier ses os de Ravenne. Botticelli semble ici être honoré par les Médicis avec cette commande.

Bien que peintre de la renaissance humaniste, Botticelli ne limitera pas son œuvre aux scènes mythologiques et au portrait, il poursuivra son œuvre dans le thème religieux. Entre 1481 et 1482, c’est à Rome que l’on peut trouver Botticelli. Tout comme Le Pérugin, il est convié par le Pape Sixte IV pour réaliser des fresques de la chapelle Sixtine. Il y réalise trois grandes fresques : les Épreuves de Moïse, la Tentation du Christ et la Punition des rebelles. Bien que d’une grande difficulté due aux dimensions des fresques, le travail de Botticelli est remarquable et remarqué même s’il n’est pas mis en avant pour des raisons politiques liées aux querelles entre les Médicis et le reste du monde.

Au milieu des années 1480, Botticelli réalise un chef d’œuvre : la Madone du Magnificat, conçu pour le Palazzo Vecchio, l’on peut en voir une version de l’atelier de Botticelli au Louvre.

Madone du Magnificat

Madone du Magnificat, BOTTICELLI (1480)

Sa particularité est d’être un tondi (œuvre ronde caractéristique de la renaissance italienne) très efficace du fait de sa couleur, son rythme, le regard vers le haut de l’Enfant vers la Madone ou encore la disposition des anges.

 

La fin de Botticelli

 

En l’an 1494, le Roi de France Charles VIII envahi l’Italie. Florence se soulève contre Pierre II de Médicis et « met en place » le religieux Savonarole. Cet infâme moine conduit par une ferveur religieuse extrême va conduire une véritable révolution à Florence vers une ère fermée à tout autre pensée que celle religieuse. Ainsi, le 7 février 1497 à lieu le bûcher des vanités : toutes formes d’objets jugés impropres à la religion sont enlevés et mit au feu … des chefs d’œuvres de la renaissance humaniste y disparaîtront, Botticelli y aurait lui-même déposé quelques-unes de ces œuvres dont des nus mythologiques comme la sublime Vénus pudica (1485) qui nous est parvenue.

Vénus

Vénus, Sandro BOTTICELLI (1485)

Si Savonarole finit par être « détrôné », son discours aura marqué Botticelli qui s’enfermera jusqu’à la fin de sa vie dans une vision assez sombre de la religion le conduisant à peindre La Navité mystique (1501) qui marque un recul de sa vision.

L’art évolue à Florence et c’est dorénavant Léonard de Vinci et le jeune Michel-Ange qui sont à la mode. Sa réputation reste chose avérée mais âgé et inactif, il terminera sa vie dans la pauvreté et l’isolement jusqu’à son décès le 17 mai 1510 à Florence.

 

La Madone du livre

La Madone du livre, Sandro BOTTICELLI (1480)