Le moyen-âge a longtemps été dépeint comme un âge sombre sur plusieurs plans : politique avec des rois brutaux, économiques avec des famines et des pratiques alimentaires néfastes, religieux avec une pratique stricte, un monde sans couleur si ce n’est celle du manque de vivre ensemble. Depuis lors, le moyen-âge tend à être réhabilité. Victor Hugo dépeint le Paris de l’époque comme fait de bruits de rires, de vivre ensemble mais également de misères, dans son roman Notre-Dame de Paris. Eugène Viollet-le-Duc c’est vu à réinventer le moyen-âge comme un monde formidable avec un bestiaire légendaire et mystique. Cependant, la vérité est présente dans tout cela. Le quotidien de cette époque n’est pas des plus facile et notamment au niveau sanitaire. En effet, dans une ordonnance d’avril 1399, le Roi Charles V évoque Paris : « notre Ville demeure très sale à cause des ordures, excréments, boues, gravats, infections, … ».
L’hôpital, la quête de la salubrité
Le monde antique possède ses propres hôpitaux qui sont une forme assez primitive de celui que nous connaissons.
L’Empire romain, au fur et à mesure de son expansion, développe les échanges entre les provinces et les populations vont et viennent, ce qui n’est pas sans conséquences en termes de santé. Ainsi, le droit romain et plus précisément le Code de Justinien pose en 529 les bases de l’hôpital comme réelle institution.
La religion chrétienne va ici apporter une réelle avancée, elle prône une charité, une miséricorde, qui va impliquer d’apporter des soins à toutes personnes qui en expriment le besoin peu importe leur rang ou leur nationalité.
Grande salle « des pôvres », Hospices de Beaune
Ainsi, tout au long du moyen-âge va fleurir des Maison de charité qui seront régies par du personnel religieux, par les ordres le plus souvent, et occupant une partie d’une abbaye ou d’un monastère.
La fin du XIVème siècle voit apparaître les médecins et les fameux barbiers-chirurgiens dans les Hôtel-Dieu. L’un des plus fameux est l’hospice de Beaune, s’il est connu et visité par de nombreux touristes, il est déjà important à l’époque, sans doute par son ampleur mais également du fait de son apothicairerie, dont nombres de plantes sont cultivées dans un jardin attenant.
Hospices de Beaune, XVème siècle
En 1545, le Roi François Ier édite une loi impliquant que ce sont des laïcs qui doivent gérer les hôpitaux et pour cause la mauvaise gestion et le mauvais personnel de ses lieux de santé à un impact sur la population.
La pauvreté est toujours une constante, c’est dans cet esprit que le Roi Louis XIV crée, en 1656, l’Hôpital Général de Paris composé de 5 lieux selon les besoins individuels. Un édit Royal ordonne que chaque grande ville de province possède son hôpital, en 1662.
Apothicairerie des Hospices de Beaune
Il faudra encore plusieurs siècles pour qu’apparaisse une médecine moderne et fiable comme on la connait aujourd’hui, mais il reste que les efforts entrepris furent salutaires et auront sans doute permit d’éviter ou de freiner nombre de maladies.
L’Hôtel-Dieu-le-Comte de Troyes
Cet Hôtel-Dieu apparaît au XIIème siècle à la faveur d’Henri, Comte de Champagne. Si ce Comte aime le luxe dans ses résidences, il n’oublie pas le sort des pauvres à qui il va consacrer une partie de ses revenus avec notamment la construction de cet Hôtel-Dieu ou encore en donnant de l’argent pour vêtir les plus miséreux.
Hôtel-Dieu-le-Comte, Troyes
Si dans le départ, l’Hôtel-Dieu reçoit majoritairement des prisonniers de guerre, des blessés ou des enfants abandonnés, sa réputation va attirer nombre d’hommes et de femmes ayant besoin de soin, et de par-là améliorer leurs conditions d’existence.
Les Papes Célestin III, Honorius III, Jean XXII et Urbain IV prennent cet Hôtel-Dieu sous leur protection ce qui permettra d’y recevoir des personnes d’un rang plus important qui y feront des dons relativement élevés permettant de grossir le nombre de possibilités de soin. Ainsi donc en 1550, le lieu reçoit 17 454 pauvres dont seul 104 trouveront la mort.
Les améliorations vont bon train et au XVIème siècle des chirurgiens et des barbiers font des opérations de plus en plus précises et assurent la vie à nombre de Troyens.
En 1631, l’Hôtel-Dieu-le-Comte prend la direction des 6 hôpitaux troyens dans un effort d’efficience quant aux ressources financières mais également humaines.
Il est à noter la grille de l’Hôtel-Dieu datée de 1760 dans le même esprit que la place Stanislas de Nancy.
Grille de l’Hôtel-Dieu-le-Comte, 1760
L’hôpital ferme ses portes en 1957. Il accueille de nos jours des salles de cours, une bibliothèque de l’Université mais également un musée de l’Apothicairerie et depuis quelques années une Cité du Vitrail, il reste donc un monument central de la ville de Troyes.