Charlemagne, Louis XIV et Napoléon semblent être des gloires françaises qui cimenteront à leur manière la culture, le peuple autour d’une idée nationale. Jeanne d’Arc fait partie de cette idée de ce qu’est la France, elle incarne le courage, la vaillance, mais également l’esprit de résistance. Cet esprit de résistance sera employé par une autre gloire de la France : le Général de Gaulle. En 1942, il utilisera, lors de la fête de Jeanne d’Arc, le souvenir de cette héroïne comme une harangue à destination de la France combattante.
Jeanne d'Arc au Sacre de Charles VII, Jean-Auguste-Dominique Ingres, 1851
La situation de la France avant le 25 février 1429
La crise s’empare de l’Europe du XIVème siècle. En effet, les Capétiens et les Plantagenêts entre en conflit. À l’origine des tensions est une volonté de chacune des parties de mettre la main sur la Guyenne, les Flandres et l’Écosse.
L’an de grâce 1314 voit le décès du Roi de France Philippe IV le Bel. Son premier fils Louis X le Hutin meurt sans descendant mâle capable de régner, il en est de même pour ses deux autres fils : Philippe V et Charles IV, qui furent brièvement Roi de France.
En 1328, les fils ne sont plus et la Couronne de France devrait être cédée au dernier enfant de Philippe le Bel … mais cet enfant est une fille : Isabelle de France. Une femme ne pouvant porter la couronne, elle devrait revenir à son fils qui n’est autre qu’Édouard III, Roi d’Angleterre. Les pairs de France voient d’un mauvais œil un Roi étranger monter sur le trône et c’est finalement Philippe VI qui y monte. Il est le fils de Charles de Valois, le frère de Philippe le Bel.
Alors que Philippe VI a sans doute la volonté d’une terre de France sans présence anglaise, la Vieille Alliance (entre la France, l’Écosse et la Norvège) l’obligera à aider les Écossais dans leur combat contre l’Angleterre. Le Roi d’Écosse battu, il séjourne en France où il fait ce qu’il peut pour motiver les Français à prendre les armes.
Le mariage d’Édouard III avec Philippa de Hainaut entraîne un rapprochement entre l’Angleterre et le Saint-Empire qui pousse la Flandres à se révolter contre la France et à reconnaître Édouard comme Roi de France. Revendiquant le trône de France, la guerre entre Capétiens et Plantagenêts débute.
La Guerre de Cent ans qui s’ouvre sera un déferlement de malheur, de morts, de renversement d’intérêts, … Le 8 mai 1360, le traité de Brétigny est conclu : fort de leurs victoires les Anglais obtiennent une grande partie de la France.
Charles V vient rabattre les cartes en reprenant nombre de territoires aux Anglais laissés quasiment défaits.
Sous le Roi Charles VI, la tension reprend sa place dans le conflit. En effet, d’abord mineur, puis fou, Charles VI est en incapacité d’assurer les affaires du Royaume et de le gouverner avec efficacité. Dès lors ce sont ses vassaux de la haute noblesse qui prennent le pouvoir et s’en suit inévitablement des luttes de pouvoir d’une incomparable brutalité.
Les Bourguignons prennent Paris en 1418. Le 12 juin, les Armagnacs qui y sont seront massacrés. Le 19 janvier 1419, Henri V Roi d’Angleterre entre à Rouen et le Duc de Clarens à Pontoise.
Le 20 mai 1420, le Traité de Troyes est signé, Henri V sera fait Roi de France à la mort de Charles VI.
A la mort de Charles VI, Charles VII est reconnu Roi de France mais il ne possède que quelques provinces du sud de la Loire, enserré par de puissants voisins. Alors appelé « Roi de Bourges » par les Anglais, Charles VII ne maîtrise plus grand-chose, il est devenu un petit seigneur provincial et sans une intervention du destin lui et la France succomberaient.
Jeanne, l’émergence d’une héroïne
L’an de grâce 1412 est celui de la naissance de l’héroïne, c’est à Domrémy que naquit Jeanne Darc.
Originaire d’une famille relativement aisée, très pieuse mais illettrée, rien ne la destine à son avenir.
Il faut attendre ses 13 ans pour que le miracle se produise : Saint Michel, Sainte Marguerite et Sainte Catherine lui apparaissent. Cette apparition est fort différente des autres apparitions telle celle de l’Immaculée Conception à Bernadette Soubirous qui lance un message de paix. Le message ici énoncé est clair : elle doit conduire le Dauphin à Reims afin qu’il soit sacré et en suite « bouter les Anglois hors de France ». Bien qu’illettrée, Jeanne n’est pas idiote. Elle ne parle pas de ses voix à quiconque ayant peur d’être prise pour une folle ou de finir brûler comme une sorcière. Conduite plus tard à Vaucouleurs, elle ne sera pas considérée … elle y reviendra plus tard et finira par être présentée au Duc de Lorraine. Décision est prise, escortée par Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, c’est habillée en homme que Jeanne chemine vers son destin et vers le Dauphin.
Ainsi donc, le 25 février 1429, Jeanne rencontre le Roi Charles VII à Chinon. La légende veut que le Roi est pris la place d’un sujet et sa vesture mais que Jeanne l’aurait reconnu … toujours est-il qu’hormis Yolande d’Aragon, belle-mère du Roi, personne ne compte admettre la valeur de Jeanne. Fine politique Yolande d’Aragon convainc et Jeanne est examinée par des théologiens … L’affaire arrangée le Roi lui offre sa confiance ainsi qu’une armure, une épée, et une garde pour rejoindre les forces qui marchent pour secourir Orléans.
Vitrail de la rencontre entre Jeanne d'Arc et Charles VII
Le « miracle » opère déjà car les rudes capitaines de l’Armée Royale tel La Hire ne s’opposent pas à Jeanne et lui laissent même une place en cela qu’elle leur apporte un peu de confiance car la position royale n’est pas enviable et l’armée est au moment de l’arrivée de la pucelle frappée par le manque de motivation et d’espoir.
Jeanne libère Orléans
Orléans est une ville importante du Royaume et sans doute l’une des dernières grandes places que Charles VII possède encore.
Le Duc de Salisbury débarque à Calais et rejoint Paris pour parfaire son armée qui sera de plus de 5 000 hommes. Son idée est de pousser Charles VII à quitter ses terres de la Loire voir même de s’exiler. En août 1428, il marche sur la Beauce et les bords de Loire, voulant prendre toutes les forteresses au tour d’Orléans avant de l’attaquer. Janville, Patay, Sougy, Meung-sur-Loire, Beaugency, tout est pris telle l’église de Cléry qui est pillée et incendiée. Le Roi n’est pas insensible au malheur qui frappe ses terre et envoi La Hire et Dunois avec 500 hommes défendre Orléans.
Le 8 septembre 1428, l’armée Anglaise de Salisbury arrive devant Orléans, La Hire et Dunois effectue une sortie qui pousse les Anglois à un repli provisoire sur Meung-sur-Loire. Orléans et les orléanais préparent le siège à venir.
Le 12 octobre 1428, un fort contingent Anglois se dirige vers le Fort des Tourelles, la décision est prise de brûler une partie des faubourgs de la ville pour éviter que l’ennemi ne trouve toit sur sa tête. Fin octobre, le fort est pris et c’est toute la ville qui est encerclée par l’ennemi. Lé 24 octobre, en visite au fort, Salisbury est atteint par un projectile qui le tue, le Comte de Suffolk prend le commandement.
Le siège se poursuit par de petites batailles qui restent indécises pour chacune des parties en présence. Le nerf de la guerre reste la nourriture pour les défenseurs et l’ennemi tente de limiter les accès sur la Loire pour empêcher le ravitaillement.
Statue de Jeanne d'Arc, Place du Martroi, Orléans
Une émotion gagne la ville. Les marchands apprennent aux Orléanais qu’une jeune fille n’étant autre qu’une envoyée de Dieu est passée à Gien le 20 février 1429 et se rend voir le Roi à Chinon. Le siège devenant de plus en plus dur, cette nouvelle fait l’effet d’une renaissance pour les défenseurs qui reprennent de l’ardeur et se prépare à vaincre ou à mourir. Le Roi ayant accepté le concours de l’humble bergère, le 22 mars elle est à Blois d’où elle envoi aux Anglois un héraut devant déclamer : « … Rendez à la Pucelle, qui est envoyée de par dieu le roy du ciel, les clefs de toutes les villes que vous avez prises et volées en France. … ».
Le 28 avril, l’espoir tant attendu arrive, un gros convoi de vivres, d’armes et de munitions est dirigée par la Pucelle. Les assiégés s’activent et préparent avec leurs dernières forces l’arrivée de l’envoyée de Dieu.
Le 29 avril, Jeanne et son armée, forte de 6 000 hommes, sont en vue d’Orléans. Dunois traverse la Loire pour l’accueillir et mettre au point le plan de bataille. A 8 heures du soir, Jeanne entre discrètement dans Orléans sur son cheval blanc tenant son étendard à la main. Mettant pied à terre, elle se rendit à la cathédrale ou un Te Deum y fut chanté.
Elle finit par prendre en main le destin des assiégés, organise une sortie pour prendre deux bastides anglaises, ce sera un succès. Le lendemain à l’assaut de la forteresse, un carreau la touche en dessous du sein. Repartant au combat, elle galvanise les troupes de son courage, les Anglois paniquent et soudain ils reculent. Le miracle est accompli, Jeanne a sauvé Orléans. Ainsi, elle gagne son surnom de « Pucelle d’Orléans ».
Jeanne d'Arc victorieuse des Anglais entre à Orléans, Jean-Jacques Scherrer, 1887