« Tout est beau à Laon, les églises, les maisons, les environs, tout ! » - Victor Hugo
Laon, un site stratégique
Le site de Laon est assez exceptionnel et stratégique du point de vue militaire et c’est ainsi que les Romains y bâtiront une forteresse. En effet, au IVème siècle avant JC, ils s’implantent sur ce plateau auquel ils vont donner le nom de Laudunum. Le nom n’est pas le fruit du hasard, il fait référence, d’une part, au dieu celtique Lau et, d’autre part, il indique la fonction, dunumvenant très certainement du gaulois dunos voulant dire forteresse.
Il faut attendre le VIème siècle pour que Laon passe de forteresse à cité : Saint Rémi de Reims en fait un évêché, c’est-à-dire le siège d’un membre du clergé qui dirige plusieurs paroisses. La cité devait donc être déjà importante à l’époque.
Au XIIIème siècle, la cité est fermée de six kilomètres de remparts dont on peut encore admirer une partie. L’an de grâce 1217 voit l’élévation d’un lieu d’importance, la Porte de Soissons. Plus qu’un accès à la cité, c’est un véritable châtelet, deux tours rapprochées qui, bien que permettant l’accès des visiteurs, permet la défense avec un système d’ouverture qui laisse la possibilité de tirer sur l’ennemi.
Porte de Soissons, Laon
Les possibilités du site en termes de défense et sa situations éloignée d’autres cités, bien qu’étant traversée de nombreuses routes, font que Laon va intéresser les souverains français au moyen-âge et que la ville ne tarde pas à en devenir la capitale.
Laon, Capitale du Royaume de France
Sous le moyen-âge, les Rois sont assez itinérants. L’an 498 voit le baptême de Clovis en la Cathédrale de Reims, la proximité de Laon avec Reims en fait un endroit de résidence évident et c’est ainsi que Clovis et son épouse Clotilde fréquenteront Laon. La reine y fera construire un oratoire dédié à Saint Marcel. Comme Clovis, bon nombre de rois mérovingiens séjourneront à Laon. La cité sera le malheureux témoin d’affrontement territoriaux entre Chilpéric et Sigebert, les petits-fils de Clovis. L’épouse de Sigebert, Brunehaut, réside principalement à Laon et c’est ainsi qu’elle y fera construire l’abbaye Saint-Vincent à la fin du VIème siècle, l’abbaye connu de nombreux coups du destin, l’on peut tout de même voir le logis abbatial de 1771, toujours debout.
Cathédrale Notre-Dame de Laon
Alors lieu de résidence royale des Mérovingiens, la cité de Laon demeure lieu de résidence sous le règne des Carolingiens.
Pépin le bref, fils de Charles-Martel, prendra des mains de son frère Griffon la cité grâce au Comte de Laon dont il épouse la fille, Berthe au Grand Pied. Ce faisant Pépin fait de Laon son lieu de résidence principale, la résidence royale.
Son fils Charlemagne aurait été conçu à proximité de la cité. Charlemagne étant affairé de conquêtes, la ville est un peu délaissée.
Laon doit son rang de capitale à Charles le Simple, le petit-fils de Charlemagne, en 895. Le Roi souhaite se rapprocher de Laon qu’il considère, à juste titre, comme le berceau de sa famille. Le royaume fait face à la trahison de ses seigneurs et il mourra emprisonné.
Son fils, le Roi Louis IV d’Outre-Mer, sera rétabli sur son trône par le Duc des Francs. Louis IV souhaitant s’affranchir du Duc des Francs rompt la tutelle. Le roi décide alors de marcher sur la citadelle et de la soumettre ainsi que le Duc des Francs, ce qui sera chose faite. Plus tard emprisonné, Louis IV devra offrir Laon contre sa liberté, mais grâce à la ruse il réussit à reprendre sa capitale quelques temps après. Alors que le fils de Louis IV meurt, son oncle Charles devrait monter sur le trône mais le Duc des Francs Hugues Capet entend bien monter sur le trône lui-même. Ainsi, Hugues Capet est élu Roi des Francs le 1er juin 987 à Noyon. Charles est réfugié à Laon dont il renforce les fortifications mais c’était sans compter sur le mauvais tour de l’Évêque Adalbéron qui promet fidélité au Roi Charles, pour aller ouvrir les portes de la ville à Hugues Capet. Charles sera emprisonné et meurt 10 mois plus tard. Cet épisode marque la fin de Laon comme capitale du Royaume.
Laon, cité du Royaume
Laon n’est plus capitale du royaume mais elle reste néanmoins une cité d’importance. Malgré tout, Roi, Évêque, Bourgeois s’opposent au sein de la cité … si la mainmise de l’Évêque n’est plus, le chapitre de Laon dirige la cité ce qui n’est pas pour plaire à ses habitants. Ainsi, le roi Louis VI le gros accorde une charte communale en août 1128.
L’essor économique de la ville fait qu’elle conserve un statut important. Nous pouvons également mentionner que Laon accueillera en son sein un Commanderie Templière à partir de 1128 dont seule la chapelle nous est parvenue.
L’époque est au gothique et, en 1150, début la construction de la Cathédrale Notre-Dame de Laon, l’une des premières faites de ce gothique classique. La visite de cet édifice est conseillée tant pour sa beauté que pour sa lumière. Lors de la visite des tours de la cathédrale l’on peut apercevoir un bestiaire bien étonnant et spécifique à la ville car symbolique. Un groupe épiscopal aussi bien développé montre la puissance de la cité de Laon.
Cathédrale Notre-Dame de Laon
Parallèlement à cela, la ville est entourée de remparts à partir du XIème siècle, l’on peut encore observer ce rempart.
Remparts, Laon
Les remparts sont renforcés et quelques peu remaniés les siècles suivant pour être adaptés au mode de vie de l’époque. Ainsi au XIIIème siècle une porte est ouverte pour les piétons : la Porte des Chenizelles.
Porte des Chenizelles, Laon
Pendant la Guerre de Cent Ans, au fur et à mesure des alliances la ville passe de mains en mains, elle résiste à des assauts et à des incendies dont celui qui brûle l’abbaye Saint-Vincent.
Les guerres de Religion passent aussi à Laon qui avait pris le parti de la Ligue mais sera reprise par le Roi Henri IV le 22 juillet 1594.
Porte d'Ardon, Laon
Pour terminer ce récit très peu exhaustif de l’histoire de Laon, il me semble intéressant d’évoquer la bataille de Laon. En 1814, l’Empire de Napoléon vacille. Les 9 & 10 mars 1814, l’Armée de Napoléon Ier affronte les armées de Prusse et de Russie. En infériorité numérique, Napoléon perd face à Blücher. Il remportera son ultime victoire sur Reims contre les Russes.