La crucifixion …
La crucifixion ou le crucifiement est une méthode pour exécuter un individu. La méthode est simple et ne nécessite pas une grande préparation comme ce peut être le cas pour l’écartèlement ou le bûcher.
Le débat existe chez les historiens pour savoir quel peuple ou quelle civilisation à le premier user de cette méthode de justice. Était-elle une pratique d’exécution ou un sacrifice fait au nom d’un culte ?
L’on sait tout de même que cette pratique est communément usée en Inde puis sur les peuples méditerranéens, par le macédonien Alexandre le Grand ou encore par Carthage.
Crucifixion, plaque de reliure, Musée de Cluny, fin XIème siècle
Intéressons-nous à la crucifixion pratiquée par les Romains. Il est important d’avoir à l’esprit que pour les Romains, la mort en croix est déshonorante. Elle est donc réservée à toutes les personnes qui ne sont pas citoyens romains, qu’ils soient des barbares, des pirates ou même des esclaves.
Avant la crucifixion, l’individu condamné peut être « préparé », c’est-à-dire qu’on lui inflige de premier mauvais traitement comme la flagellation. Par la suite, il faut montrer à la population que l’individu condamné ne fait pas ou plus partie de la société : le condamné doit porter sa croix, seul le patibulum la pièce verticale, jusqu’au lieu de son exécution.
Croix processionnelle, Musée de Cluny, fin XIème siècle
Vêtu seulement d’un linge à la taille, l’individu est attaché ou cloué par les poignets à la poutre horizontale, la poutre est ensuite hissée et l’on lui attache ou on lui cloue les pieds sur la poutre verticale. Un écriteau figure souvent dans le haut de la poutre verticale pour annoncer le crime du paria. La mort de l’individu peut être longue suivant les conditions climatiques et la résistance de l’individu, toujours est-il que la soif et l’engourdissement font basculer l’individu dans un désordre mental qui finit par la mort.
… de Jésus Christ …
La crucifixion est connue de tous du fait des évènements du Golgotha qui voient l’exécution de Jésus Christ. Cette mort est sans doute l’une des plus « célèbre » de l’Histoire.
Mais retraçons rapidement l’histoire qui amène Jésus Christ sur la croix. Un prédicateur juif identifié dans les mémoires comme Jean le Baptiste annonce la venue d’un homme qu’il baptisera : Jésus de Nazareth. L’aventure débute avec le soutien de quelques disciples, Jésus enseigne dans la synagogue et remplace avec facilité les spécialistes et les jalousies naissent en même temps que les guérisons miraculeuses. Jésus se choisit douze disciples qui doivent l’aider à transmettre le culte et la parole divine. Guérisons, lutte contre les démons et multiplication des pains rendent Jésus populaire et sans doute gênant pour ses contemporains qui dominent le peuple par la religion qu’ils créent et professent.
Sur le dos d’un ânon, Jésus et ses disciples entrent dans Jérusalem et la foule est unanime et crie : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! ». Alors dans le Temple, Jésus chasse les vendeurs et autres changeurs de monnaie qui sont présent dans l’endroit de la prière, il fait alors des ennemis dont les prêtres qui désirent sa mort.
La Cène a lieu où le Christ rompt le pain en symbolisant son corps et prend la coupe symbolisant son sang, le destin est en marche.
Vitrail de la crucifixion, Cathédrale de Beauvais, XIIIème siècle
Jésus se rend à Gethsémané où il sera arrêté, trahi par l’un de ses disciples. Il est emmené chez le grand-prêtre qui n’a qu’une hâte celle de régler son compte à Jésus. Les faux témoignages fusent et Pierre nie connaître Jésus, les bas instincts de l’Homme sont entrés dans le jeu. Le lendemain, après avoir tenu conseil, les chefs des prêtres et les anciens décident de le livrer à Ponce Pilate. Pilate semble ne pas voir en Jésus un coupable et veut même le relâcher mais la foule, excitée par les prêtres, demande à ce qu’il soit crucifié. Pilate veut satisfaire la foule fait fouetter Jésus et l’envoi vers la crucifixion. Les soldats le frappe, lui crachent dessus et lui impose une couronne d’épine. La suite est à la fois atroce et va créer le mythe qui va fédérer les fidèles.
« Ils conduisirent Jésus à l’endroit appelé Golgotha, ce qui signifie « lieu du crâne ». … Ils le crucifièrent, puis ils partagèrent ses vêtements. » - Évangile selon Saint Marc.
Il sera crucifié avec deux autres hommes, des brigands. La honte est complète, les passants l’insultent et se moquent de lui. Alors que les ténèbres apparaissent sur le pays, Jésus pousse un cri et retourne près de son père.
Vitrail de la crucifixion, Arthur de Nimègues, Laval, 1521
L’Évangile selon Saint Marc achève son récit par la mission confiée aux disciples par le Christ ressuscité : « Allez dans le monde entier proclamer la bonne nouvelle à toute la création. Celui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. »
… est un des symboles de la foi chrétienne.
Pour aborder la crucifixion comme un symbole d’unité et de foi, il faut aller au-delà de notre croyance religieuse ou de notre non-croyance.
Les Évangiles qui relatent la naissance, les guérisons, la crucifixion, ont pour idée de faire passer un message symbolique. L’on peut donc se demander si la religion est seulement basée sur des symboles, propre à chacun d’y trouver une réponse.
L’« aventure » de Jésus Christ est romanesque, c’est une fresque épique qui reprend l’ensemble des difficultés d’une époque, de tout un chacun, en y ajoutant un message de paix et d’unité.
Il n’est donc pas évident de comprendre la crucifixion. Cette mort, bien qu’atroce et marquante, est nécessaire car elle traduit le sacrifice d’un homme d’exception pour l’humanité toute entière.
Le Christ s’offre donc à la cruauté de la populace pour aller vers le Jugement Dernier où il retrouvera son père. La fin de cette vie permet sans doute au fils de Dieu de se libérer du lourd fardeau qu’est le poids du monde.
Retable d'émaux présentant la Vie du Christ et de la Vierge, château de Vitré, 1544
Plus que cela, la crucifixion est à la base de la religion, c’est un moment d’atrocité, de douleur mais c’est également une réalité simple qui par son exemple prône la loyauté entre les Hommes, l’acceptation de la différence, le souci de la justice divine et/ou terrestre mais également le rapprochement des Hommes en une seule voie de prières ou de litanies s’envolant vers Dieu.
La croix est également un symbole de reconnaissance entre les fidèles : nombres d’entre eux vont porter, très tôt dans notre histoire, une croix au bout d’une chaîne ou d’une corde de cuir, la décoration de leur fierté d’appartenir à la religion et peut-être également une liaison directe vers Dieu ou les proches disparu.
N’oublions pas le signe de croix lors de l’entrée dans un lieu sacré : il mêle la Trinité (Père, Fils et Saint-Esprit) ainsi que la forme de la croix transposée sur le corps humain.
Crucifixion de Sauvagnat, Musée de Cluny, XIVème siècle
Pour conclure, la crucifixion fut le sacrifice de Jésus Christ qui permit de faire émerger une idéologie chrétienne allant vers la paix et la tolérance. Bien loin de son usage, le message véhiculé doit être réfléchit et assimilé par les fidèles.