Médicis est un nom qui résonne au-delà des frontières italiens tout comme une légende à la fois oubliée et présente dans l’imaginaire collectif. La Maison Médicis est avant tout une famille de banquiers puissants et implantés dans une partie de l’Europe. Cette famille est également patricienne de Florence (aristocrates de la ville) dont le destin suivra l’expansion du Quattrocento.
Marie, l’enfance d’une Médicis
Le 26 avril 1575 naquit Marie de Médicis, elle est la sixième enfant du Grand-Duc de Toscane, François Ier, et Jeanne d’Autriche (fille de l’Empereur germanique Ferdinand premier). Sa mère meurt alors qu’elle n’a que deux ans. Son père épousera par la suite sa maîtresse. Le Palais Pitti sera la résidence d’une enfance triste et solitaire ponctuée de cours de sciences, de mathématiques, d’astronomie, de philosophie et d’art.
Marie, Reine de France
Médicis est un nom que l’Histoire de France a retenu, la lointaine cousine de Marie, Catherine de Médicis, est devenue Reine de France en épousant Henri II. Alors que la querelle entre catholiques et protestants éclate en France, Henri II, François II et Henri III se succèdent sur le trône. Lorsqu’Henri III meurt, c’est Henri de Navarre, un protestant, qui monte sur le trône. Il est alors l’époux de Marguerite de Valois, la fille de Catherine de Médicis. La séparation du couple est prononcée par le Pape Clément VIII et c’est une autre Médicis qui est appelée à devenir Reine de France : Marie de Médicis.
Le débarquement de la Reine à Marseille, Rubens
Le contrat de mariage est passé en mars 1600 à Paris. Elle rencontre son époux le 9 décembre 1600 à Lyon. Leur mariage religieux est célébré le 17 décembre 1600 en la cathédrale Saint-Jean de Lyon.
La Reine effectue son devoir en mettant au monde, le 27 septembre 1601 un Dauphin à la France : Louis, futur Louis XIII. Marie donnera en tout et pour tout 6 enfants à la France.
Si les enfants sont nombreux, le bonheur du couple n’est guère au rendez-vous, Henri IV aura de nombreuses maîtresses, ce qu’elle ne supportera pas. De plus, le Roi limitera les dépenses d’une Reine qui n’est toujours pas couronnée … Le couronnement de Marie aura lieu le 13 mai 1610 en la Basilique Saint-Denis, alors que le Roi doit partir le lendemain pour la guerre.
La remise de la Régence à la Reine, Rubens
Elle ne sera que fort peu de temps Reine car le lendemain, le 14 mai 1610, son époux le Roi Henri IV est assassiné rue de la Ferronnerie par François Ravaillac.
Marie, Régente de France
Au lendemain du décès d’Henri IV, Louis XIII n’a que 8 ans. Ainsi, Marie se voit confiée la Régence. Seule au milieu d’une noblesse forte, elle devra jouer d’ingéniosité pour faire valoir ses prérogatives. Dans cette optique, elle installe un protocole à la Cour, qui est somme toutes un ensemble de règles bienséantes, lui permettant d’être considérée comme l’exige son rang.
La tension entre catholiques et protestants était plus ou moins apaisée lors du règne d’Henri IV mais le rapprochement du Trône de France avec la Couronne d’Espagne fait naître de nouvelles tensions … Malgré tout, le jeune Roi est marié avec Anne d’Autriche, fille de Philippe III d’Espagne et de l’archiduchesse Marguerite d’Autriche. Dans le même temps, la Princesse Élisabeth de France épouse le futur Roi d’Espagne, Philippe.
La majorité de Louis XIII, Rubens
Alors que la majorité de Louis XIII est prononcée par le lit de justice du 2 octobre 1614, Marie de Médicis devient chef du Conseil de France, elle conserve tout son pouvoir. Dans le même temps, la fracture entre la noblesse et le tiers état peine à être pansée par le clergé. Le Prince de Condé entend prendre part aux affaires de France et finit par rentrer au sein du conseil de France. Condé deviendra trop exigeant et Marie le fera arrêter le 1er septembre 1616. Cela amène à une nouvelle révolte de la noblesse conduite par le duc de Nevers.
Devant la peu de place laissée par Marie au Roi, Louis XIII va reprendre les rênes. Il fait arrêter le Maréchal Concini, le favori de Marie et le fera exécuter. Reprochant le gaspillage du Trésor Royal par sa mère, il décide de son exil au château de Blois.
Marie, une exilée
L’ancienne Reine exilée n’entend pas se voir murée dans cet exil. Ainsi, le 22 février 1619, elle s’échappe du château grâce à une échelle de corde, pour se réfugier dans le château d’Angoulême.
La fuite de Blois, Rubens
Depuis la province, elle rallie les Grands du Royaume dans une guerre contre le pouvoir Royal. L’épopée sera arrêtée à la bataille des Ponts-de-Cé. Magnanime, Louis XIII pardonne à sa mère et aux Grands du Royaume.
Marie revient donc s’installer à Paris près de son fils et fait bâtir le Palais du Luxembourg. Pierre Paul Rubens y créera le « cycle de Marie de Médicis », peintures présentant les évènements de la vie de l’ancienne Reine.
Admise au Conseil du Roi avec l’aide du Cardinal de Richelieu, elle regagne un peu de pouvoir et d’influence. Malgré tout, se sentant relayée par le pouvoir détenu par Richelieu, elle va tenter d’obtenir sa disgrâce.
Le dernier acte de Marie de Médicis est en marche : la Journée des Dupes. Le 10 novembre 1630, Marie obtient du Roi de démettre des fonctions de surintendant et aumônier de la Reine, Richelieu. Le 11 novembre 1630, Marie veut aller plus loin et faire démettre Richelieu de son rôle de principal ministre … Elle laisse au Roi le choix entre Richelieu et elle-même. Marie croyant avoir remportée la partie est triomphale mais le Roi convoque Richelieu à Versailles le soir même. Il renouvelle sa confiance à Richelieu et enjoint sa mère de quitter Paris pour le château de Compiègne. Marie ne reverra jamais plus son fils.
Cherchant des soutiens, Marie se rend à Bruxelles. Ce faisant, elle perd son statut d’ancienne Reine de France et toutes ses rentes. Elle voyage dans les Cours européennes afin de trouver des soutiens à soulever, sans succès.
Privée de revenus et de point de chute, elle logera à Cologne chez son ami Rubens où elle trouvera la mort le 3 juillet 1642, des suites d’une pleurésie.
Sa dépouille sera ramenée à la Basilique Saint-Denis le 8 mars 1643, sans cérémonie digne d’une Reine. Son cœur ira rejoindre celui de son époux Henri IV.
Marie de Médicis, Reine de France, Frans II Pourbus, 1600