Saint Pantaléon
Pantaléon de Nicomédie naquit en 275 à Nicomédie. De père païen et de mère chrétienne, il deviendra un homme important de par ses connaissances et ses talents. L’Empereur Dioclétien s’offrira ses services pour sa Cour.
Bien que son père lui professe des rites païens, il rencontrera un prêtre qui l’amènera à la réflexion sur la Foi et le salut du son âme qui le poussera dans le giron de la Foi chrétienne.
Lors de sa réflexion sur la Foi chrétienne la légende veut qu’il rencontre un enfant mort par morsure de vipère : la vipère fuira du fait de ses paroles et l’enfant se relèvera sur la demande de Pantaléon. Il s’en suivra qu’il se fera baptisé.
Plus tard, fort de miracles accomplis, un aveugle vient le trouver et retrouve la vue contre la promesse de devenir chrétien.
Il sauvera bien des hommes et des femmes mais quelques médecins jaloux iront le dénoncer auprès de l’Empereur. Après avoir établi ses « miracles », l’Empereur lui ordonnera d’abjurer sa Foi, ce qu’il ne fera pas. Il sera donc supplicié puis décapité en 303.
Le Pape le canonisera et il deviendra le Saint patron des médecins.
Construction de l’édifice
Faisant face à l’Hôtel de Vauluisant, le musée de l’art troyen, l’église Saint Pantaléon domine une petite place. Elle est citée pour la première fois en 1189 comme étant une construction faite de bois et de torchis.
Cet ensemble irrégulier va laisser place à un édifice en pierre construit au début du XVIème siècle.
On détruit l’ancien édifice au fur et à mesure pour en reconstruire chaque partie. L’édification est conduite par le maître maçon, Jean Bailly, qui débute par reconstruire le cœur en 1508. Achevé pour Pâques 1511, la messe y sera dite et le maître poursuivra son ouvrage dans la nef.
Une partie de la nef sera construite puis démolie en raison de la faiblesse des fondations pour accueillir le jubé.
Il est décidé d’agrandir l’église en prenant une partie de la chaussée ce qui est permit par le Lieutenant Général du baillage. En novembre 1523, la majeure partie de l’édifice est achevée. L’année suivante, les trois cloches sont baptisées et montées (Marin, Pantaléon et Nicolas).
La façade était quasiment achevée lorsque l’incendie du 24 mai 1524 se produit : il consume une partie importante de Troyes et détruit partiellement l’église. La messe continuera d’y être dite avec, cependant, quelques aménagements provisoires.
L’église déjà trop petite pour contenir les fidèles, il est envisagé de l’agrandir : l’on commencera en 1525 et les travaux prendront fin en 1553. Cela n’aurait pas été possible sans l’admirable patronage de riches marchands tel Molé ou Dorigny.
Le XVIIème siècle voit l’émergence de la partie haute du cœur et son exceptionnelle voûte en bois : c’est un lambris, une belle prouesse forte du savoir des artisans de l’époque. L’on sait également que cette voûte de bois avait été blanchie et que l’on y avait imposé des traits pour laisser penser à de la pierre ainsi que des traces d’or, notamment sur le cul-de-lampe.
Lambris voûte du XVIIème siècle
L’achèvement de l’église telle qu’on la connait aujourd’hui date de 1754 avec la pose de vitraux et de l’orgue.
Une église surprenante
L’histoire de l’église fait qu’il s’y mêle plusieurs styles : classique pour la façade du XVIIème siècle, du gothique flamboyant pour le chevet ainsi qu’un style tout droit sorti de la renaissance à l’italienne pour la façade nord.
Ce mélange de style est clairement visible lorsque l’on pénètre l’édifice et il faut bien dire que cette accumulation de style crée un style très élégant et qui fait l’intérêt du lieu.
A la Révolution, les églises de Troyes sont pillées ou vendues … nombre de statues seront ainsi déposées à l’abbaye Saint-Loup avant d’être réorientée vers l’église Saint Pantaléon. L’École Troyenne faite d’un art important en termes de sculptures, vitraux et peinture se retrouve ainsi dans l’église.
Il convient de s’arrêter devant la Sainte Barbe datée de 1530, habillée à la mode de l’époque de François Ier, ainsi que les attributs qu’elle conserve la palme brisée des martyrs et un livre.
Sainte Barbe (1530)
Autres élément marquant : l’Arrestation de Saint Crépin et de Saint Crépinien daté de 1550, considérés comme les Saints patrons des cordonniers sont d’une finesse qui la rend vivante, renforcée par la couleur restaurée en 2011.
Arrestation de Saint Crépin et Saint Crépinien (1550)
On remarquera également les statues de Saint Jean et de la Vierge (XVIème siècle) dans une chapelle latérale.
Saint Jean et la Vierge (XVIème siècle)
Enfin, il ne faut pas oublier de citer « les grands prêtres Anne et Caïphe qui assistent au Calvaire » juché sur la rambarde de la galerie et l’effet saisissant qu’est celui de leur expression et de leur positionnement.
Anne et Caïphe qui assistent au Calvaire