Partons ensemble à la découverte d’un élément important du patrimoine français : les cathédrales. La Cathédrale Notre-Dame de Verdun semble être l’une des plus anciennes de France avec un début de construction en 990, les transformations et les évènements laissent peu de trace de la cathédrale romane mais sa continuité en fait un élément d’importance. Avec la fin de ses travaux en 2015, la Cathédrale Notre-Dame de Créteil est la plus moderne de France. Elles font partie des 186 cathédrales disséminées sur le territoire français.

Origine des cathédrales

La chrétienté est hiérarchisée du moine jusqu’au souverain pontife. Cette organisation permettra la diffusion d’un message commun aux fidèles mais également le contrôle du Clergé par la Papauté.  Dans cette organisation, le personnage central est l’évêque : il fait le lien entre le clergé au contact du peuple et la hiérarchie pontificale.

Évêque, Cathédrale Notre-Dame, Bayeux

Le Concile de Nicée de 325 va établir l’évêque dans les villes romaines. Tout comme nos Préfets, les évêques vont avoir le pouvoir de représentation de l’Église sur un territoire défini.
Dans chaque diocèse, l’évêque doit officier dans l’église principale du diocèse. Au sein de cette église, l’évêque prend place sur la cathèdre, provenant du mot latin cathedra (siège à dossier), le trône liturgique. De ce mot va naître le nom d’église cathédrale puis cathédrale.

Cathèdre, Cathédrale Notre-Dame, Amiens

Contrairement aux idées reçues, la cathédrale n’a pas l’obligation d’être immense, fastueuse ni démonstrative. Elle peut être modeste. À la suite de l’Édit de Milan de 313, par lequel l’Empereur Constantin reconnait la religion chrétienne, l’évêque obtient son importance et va devoir en faire montre. Après le Concile d’Aix-la-Chapelle de 817, l’on construit pour l’évêque un groupe épiscopal qui sera constitué de l’église principale du diocèse, du palais épiscopal, la salle capitulaire, le cloître, la bibliothèque, l’officialité, …

Groupe épiscopal, Noyon

Cette cathédrale, la « Maison de Dieu » est considérée comme le siège de la juridiction épiscopale et sera le siège des tribunaux sacré exerçant dans les premiers siècles du christianisme. 
La cathédrale de style paléochrétien du IIIème siècle est relativement modeste. Malgré tout, rapidement, l’évêque veut faire bâtir la plus belle des cathédrales pour faire montre de son rang mais également de son pouvoir. Cette « course à la cathédrale » va être un accélérateur des différents styles architecturaux et profiter des avancées technologiques de l’époque. Après le style paléochrétien suit le préroman puis le roman à partir du Xème siècle pour aboutir à l’âge d’or des cathédrales avec le gothique. D’autres cathédrales existeront par la suite mais n’auront ni la puissance de représentativité ni le caractère exceptionnel de leur construction.

Cathédrale Saint-Étienne, Bourges

Architecture extérieure

Dans la pensée collective, la cathédrale est de style gothique. Le style roman a vu s’épanouir nombre de bâtiments relatifs au clergé mais il est évident que l’essor des cathédrales est en lien avec l’émergence du gothique. 
En effet, au XIIIème siècle naquit le Francigenum Opus, « l’art français » comme sera alors appelé l’architecture gothique naissante. 
La façade du monument est un manifeste essentiel de la puissance de l’évêque. Souventes fois, la façade est surmontée de deux tours qui font monter la cathédrale dans les cieux. Par ailleurs, la façade se décompose souvent en trois ou quatre étages. Le premier niveau est agrémenté du portail : entrée principal de la cathédrale, il se décompose en un portail principal et deux portails auxiliaires. La lunette sera décorée d’un récit important et compréhensible par les fidèles, comme le Jugement Dernier que l’on retrouve sur le portail principal de Notre-Dame de Paris.

Portail du Jugement Dernier, Cathédrale Notre-Dame, Paris

Le second niveau accueille souvent une galerie avec des balcons voir des saints et des Rois, comme c’est le cas pour la Cathédrale Notre-Dame d’Amiens.

Cathédrale Notre-Dame, Amiens

Le troisième étage accueille l’élévation des deux tours sortants de la façade et parfois une rose entre les deux tours.
Le gothique est aussi le règne de la géométrie au service du divin. L’intérieur de la cathédrale baignera d’une lumière rendue possible par des arcs boutants qui vont s’appuyer sur des contreforts.

Arcs-boutants et contrefort, Basilique Saint-Urbain, Troyes

Le chevet est également une partie essentielle et parfois merveilleuse de l’architecture extérieur d’une cathédrale. Si la silhouette du chevet est forte d’arcs-boutants et de contreforts destinés à soutenir l’architecture intérieur, il est également le rappel de l’architecture interne du chœur. L’on peut donc observer les fenêtres et ses styles, les statues et bas-reliefs qui sont présents. Le chevet de la Cathédrale Saint-Pierre de Beauvais est le plus beaux des exemples en la matière. Daté du XIIIème siècle, ce chevet atteint plus de 60 mètres de hauteur, une prouesse qui malheureusement présente ses faiblesses de soutènement.

Chevet, Cathédrale Saint-Pierre, Beauvais 

Architecture intérieure

Comme évoqué précédemment, la cathédrale évolue au gré des époques et des styles. Les évêques n’ont malgré tout, pas toujours les moyens de détruire leur cathédrale et d’en rebâtir une autre alors on modifie, on reconstruit une partie de l’édifice pour en limiter le coût et ainsi va coexister plusieurs style dans nombre de monuments.
Chaque cathédrale aura donc ses spécificités mais l’intérieur va suivre un plan général que j’ai schématisé ci-dessous.

Synthèse schématique de l’architecture intérieur d’une cathédrale

Le narthex est une partie importante de la cathédrale : il fait le lien entre l’extérieur profane et l’intérieur sacré. Ce vestibule peut être cloisonné ou faire partie intégrante de la nef. Il fût un temps ou il accueillait les fonds baptismaux, le baptême étant l’entrée de l’enfant dans la religion. On le retrouve souvent à l’époque romane mais de moins en moins à l’époque gothique, où sa fonction disparait.

Narthex, église, Bourges

Passé le narthex, l’on accède à la nef. Nef signifiait « navire », l’on a donc l’idée du voyage vers la croisée du transept où officie le prêtre. Dans un cathédrale, la nef est composée du vaisseau central, auquel s’ajoute des collatéraux. Cet espace est important car il accueille les fidèles venus suivre l’office.

Nef, Cathédrale Sainte-Croix, Orléans

Le transept est la partie de la cathédrale qui donne la forme de la croix latine avec « deux bras » sortant de la nef. La croisée du transept est le point de rencontre entre le transept et la nef. Son espace est marqué par quatre piliers qui permettent de soutenir une voûte en coupole ou une tour lanterne qui offre de la lumière.

Croisée du transept, Cathédrale Notre-Dame, Laon

Le chœur est la partie fondamentale de l’édifice. Réservé au clergé, il accueille le maître-autel. Souvent entouré d’un déambulatoire, il accueille les stalles réservées aux chanoines et accueille la cathèdre de l’évêque.

Chœur, Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul, Nantes

L’abside a perdue de son importance. Sous l’Empire Romaine, elle contenait le cœur du sanctuaire, le maître-autel. A notre époque, elle a pour utilité de fermer le cœur et sera souvent orientée vers l’est.
 
Au-delà de ses considérations architecturales, la cathédrale c’est également un décor qui n’est pas laissé au hasard. Le gothique va permettre de sortir de l’obscurité du roman en replaçant la pierre par le verre : le vitrail. Tout en laissant passer la lumière, le vitrail véhicule des couleurs et des formes tout en instruisant les fidèles par ses représentations. Les cathédrales gothiques intègrent des rosaces qui reprennent l’idée de l’oculus de l’antiquité. Ils fournissent un décor élaboré et offre la richesse de l’évêché aux fidèles.

Rosace, Cathédrale Notre-Dame, Paris

En plus de cela, la cathédrale comporte en un nombre plus important que les églises des œuvres d’art : statues, tableaux, retables, tabernacles, brûloirs, chandelier, … et n’oublions pas les orgues qui font résonner l’édifice et les fidèles dans un élan sacré.

Grandes orgues, Basilique Notre-Dame, Alençon

La cathédrale marque de son empreinte un territoire pour les siècles à venir. Certaines se verront modernisées au gré des époques et des styles architecturaux tandis que d’autres conserveront jalousement leur apparent intérieur et extérieur. La cathédrale est une histoire dans l’Histoire mais nous fait montre du savoir-faire et de la dévotion des Hommes à une époque donnée. Visiter une cathédrale est toujours un moment hors du temps chargé d’émotions.