Prosper Mérimée, en voyage dans l’ouest de la France, évoquera Laval en ces termes : « Il semble, lorsqu’on arrive à Laval par la route de Sablé-sur-Sarthe, qu’on entre dans une ville du Moyen-Âge. Une rue immense la traverse dans sa plus grande longueur, bordée de maisons pour la plupart bâties en encorbellement. On dirait des pyramides posées sur leur pointe. »
L’histoire d’une cité …
L’histoire de Laval débute à l’époque de la Gaule Romaine, il semblerait que des villas ont occupées le plateau de Priz. L’Évangélisation arrivant, le culte va s’approprier ce plateau de Priz en y développant une petite église aujourd’hui disparue, remplacée par une chapelle romane du VIIIème siècle qui fut remaniée mais toujours existante.
L’endroit qui allait devenir Laval est un carrefour entre la Bretagne, la Normandie et l’Anjou, en faisant un lieu stratégique : Laval est l’une des places fortes des « Marches de Bretagne ». Ces Marches sont des places fortes situées dans une zone tampon destinées à protéger l’Empire Carolingien de son ennemi Breton. Partant en expédition qui le mènera à conquérir Vannes, Charlemagne élève, en 786, Guy, Comte et Gardien des frontières bretonne, il devient ainsi le seigneur de Laval. Ce premier seigneur, depuis longtemps oublié, fera des expéditions en Bretagne qui permettront de soumettre le duché. Selon les chroniques, c’est en l’an de grâce 818 que Guy pose les fondations du château sur la motte féodale de terre et ses remparts.
Scène de chasse, Abbaye cistercienne de Clermont
Il faut attendre Guy II et l’an 1020 pour que les bases de Laval tel que nous la visitons prenne forme. En effet, à cette époque une forteresse prend place sur l’éperon rocheux qui fait face à la Mayenne. Le donjon rond est élevé à partir de 1220.
Laval étant un axe de communication entre le royaume et la Bretagne, elle se développe vite et déborde de ses remparts du fait de la culture et le tissage du lin très développé à l’époque.
La Guerre de Cent ans voit Laval prise par les Anglais en 1428 et reprise en 1429, une reconstruction sera donc nécessaire.
… qui nous mène à la découverte d’un ensemble médiéval et renaissance …
Malgré les guerres qui viennent entacher l’histoire et le développement de Laval, la ville se développe autour de son château. En effet, bien qu’étant fondée sur un éperon rocheux puissant et relativement facile à défendre, Laval doit se doter d’un château puissant pour démotiver l’ennemi et notamment le puissant Comte d’Anjou, Foulques Nerra. Ce sera chose faite à partir du XIème siècle qui verra s’élever un puissant ensemble. Le château primitif à disparu mais l’on sait qu’il s’étendait du donjon à la cathédrale, soit un ensemble conséquent pour l’époque.
En 1200, Laval évolue d’une place forte des marches de Bretagne, elle devient une véritable ville. Ainsi, la Tour Maîtresse devient la porte principale d’accès à la ville, elle sera donc assortie d’une herse et ainsi défendable aisément.
Château de Laval
La ville se dote d’une puissante muraille de 1 100 mètres protégeant un territoire d’environ 10 hectares. La puissance des remparts est encore visible au travers de la tour de Belot-Oisel et de sa portion de mur encore visible ou encore la tour Renaise.
Tour de Belot-Oisel, Laval
L’ancienne voie romaine relie Laval avec le territoire outre Mayenne, pour permettre une circulation plus simple, un pont de pierre va être fabriqué dès le XIIIème siècle, il comporte une porte et un pont-levis. Bien que restauré en 1528 et au XVIIème siècle, ce pont existe toujours et nous offre l’une des plus belles vues sur Laval.
Pont et tour maitresse, Laval
L’un des témoins les plus formidable du développement de la ville est sa « Grande Rue ». Cette rue permet de relier la Porte du Pont de Mayenne au château. Lors de l’ascension vers le château l’on découvre sur la gauche la Maison des Maires qui est un parfait exemple d’une habitation de l’époque : un rez-de-chaussée enterré et un premier étage à bas plafond assorti d’un second étage à pans de bois. L’analyse du bois de la maison permet de la dater de 1495.
Maison des Maires, Laval
L’on remarque également au numéro 28, la Maison des Pou volant tirant son nom de son ancienne activité d’hospice des nécessiteux, datée de 1423, elle est l’une des plus anciennes maisons encore debout de l’ouest de la France.
Poursuivant notre sinueuse ascension, l’on emprunte les pavés ayant vu passés tant de personnes et l’on remarque que les maisons à pans de bois se font plus rares remplacées par d’autres mais le tracé de la rue lui n’a pas changé. Au bout de la grande rue, l’on est attiré par la Maison du Grand Veneur et sa façade en tuffeau bâtie en 1554 pour Jacques Marest, témoignant de son rang de marchand.
Maison du grand veneur, Laval
La Grande Rue débouche sur la rue de la trinité où l’on peut admirer l’Hôtel de Clermont bâti au milieu du XVème siècle pour être la résidence des abbés de l’abbaye cistercienne de Clermont de passage à Laval.
Hôtel de Clermont, Laval
Tant d’autres rues sont à découvrir lors de cette plongée formidable dans une ville médiévale rêvée bien que l’historien pourrait contester la véracité de l’aspect médiéval de la cité.
… et d’une évolution moderne.
Laval n’est pas restée dans l’Histoire pour son rôle au moyen-âge mais bien pour son essor dans l’époque moderne où la cité rivalise ne terme démographique et économique au Mans, la bourgeoisie fait grand commerce du lin. Elle demeure jusqu’à la révolution comme l’exportateur principal de lin.
Malgré tout, l’aspect médiéval de la ville perdure malgré les constructions des Comtes de Laval. Lors de la Renaissance, les Comtes de Laval possèdent notamment les châteaux de vitré et de chateaubriant, la sphère d’influence est à son apogée.
Le vieux château de Laval étant jugé comme démodé c’est à cette époque qu’il est remanié avec des ouvertures plus modernes.
Fenêtres du château de Laval
Le comtes Guy XVI fait de sa ville un immense chantier avant notamment l’agrandissement de la cathédrale et la construction de l’église Saint-Vénérand
Église Saint Vénérand, Laval
Le XVIème siècle voit également le renouveau du château : une terrasse est construite à des fin d’agrément et accueillera à partir de 1511, remplacée par la galerie que l’on peut toujours y voir en 1542.
Galerie du château de Laval
Ainsi, la ville de Laval forte de son économie et de sa population en tant que deuxième ville du Maine après Le Mans s’apprête à entrer dans l’époque contemporaine et dans l’industrialisation vers d’autres activités qui la relaye à un rang bien éloigné de celui qui fut le sien.