De nos jours, la commune de Bessé-sur-Braye est propriétaire du château, par acquisition le 14 mai 1978. Cependant avant l’acquisition par la commune, le domaine s’est transmis par soit par filiation directe soit par mariage. Ainsi, l’histoire de ce château et de ses constructions est étroitement liée à l’histoire familiale.
Courtanvaux, marquisat façonné par les familles Berziau et de Souvré
Les archives mentionnent pour la première fois Courtanvaux en 1332, à cette époque il est un petit fief sans importance aucune. En 1351 apparaît le nom de Michel de Doucelles qui pourrait être le premier seigneur de Courtanvaux.
Il faut attendre un siècle, en 1459, pour que le domaine soit la propriété de Jacques Berziau. Il est un personnage important, d’abord secrétaire du Roi puis contrôleur général des finances, son mariage lui permet d’intégrer la noblesse du Maine. On lui doit le plan actuel du château. Il ordonne donc la construction du « petit château », deux corps de logis ayant une vocation d’habitation, pour les serviteurs, munie d’un beffroi.
Petit château, domaine de Courtanvaux
D’autres part, il fait édifier le « grand château », fait de tuffeau, qui semble être la résidence principale du seigneur et de sa famille. Cet espace est percé d’un pont-levis permettant d’accéder à la cour intérieure du château. Bien que défensif, le plan montre que le plateau sur lequel est bâti le château présente une superficie qui fut sans doute agréable à vivre.
Grand château, domaine de Courtanvaux
Plusieurs seigneurs de Courtanvaux se succèdent jusqu’à Antoine de Souvré. L’homme est un haut fonctionnaire au service de plusieurs Rois de France. Ce seigneur de Courtanvaux laisse son empreinte sur le domaine avec le portail d’entrée. De style renaissance, il a en premier lieu pour objectif la défense de la basse-cour mais il a pour rôle secondaire d’afficher la puissance du seigneur des lieux. Élevé entre 1547 et 1552, la porte est entourée de deux tours coiffées d’élégants dômes. La richesse des motifs encadrant les fenêtres, mais également les motifs géométrique encadrant la porte, en font un point d’intérêt majeur du domaine.
Porte d’entrée, domaine de Courtanvaux
Le petit-fils d’Antoine de Souvré, Gilles, sera un ami proche du Roi Henri IV. Le Roi sera amené à venir au château lors du siège du Mans, au moment des guerres de religion. De cette amitié, naîtra le marquisat de Courtanvaux, le Roi Henri IV élève son ami Gilles de Souvré à la dignité de Courtanvaux par lettres patentes de mars 1609. Plus tard, Gilles de Souvré deviendra Gouverneur du Dauphin Louis XIII puis Maréchal de France.
Courtanvaux, domaine délaissé par le marquis de Louvois
En 1662, l’héritier du domaine est une héritière : Anne de Souvré. Elle épouse, le 19 mars 1662, François Michel Le Tellier, marquis de Louvois. Fils du chancelier de France Michel Le Tellier, François Michel devient secrétaire d’État à la guerre alors qu’il n’a pas atteint l’âge de 15 ans, il fondera l’Hôtel des Invalides au nom du Roi Louis XIV. Ce proche collaborateur de Louis XIV dont l’histoire a conservé le nom ne sera que peu intéressé par le domaine de Courtanvaux étant retenu dans le lieu du pouvoir absolu de l’époque, le château de Versailles. Trois autres seigneurs de Courtanvaux seront les descendants du marquis de Louvois.
De Montesquiou à la commune de Bessé-sur-Braye
En 1781, les lointains cousins de l’homme ayant inspiré à Dumas le personnage de d’Artagnan, deviennent les seigneurs de Courtanvaux. La famille de Montesquiou est une maison ancienne de la noblesse de France.
Anne-Élisabeth-Pierre de Montesquiou devient donc seigneur de Courtanvaux. Il est avant tout un personnage du premier Empire : Comte d’Empire en 1809 puis Grand Chambellan en 1810. Ralliant l’Empire lors des Cents Jours, il tombe en disgrâce et rentre sur les terres de Courtanvaux où il découvre un château d’un autre temps qu’il convient de remanier afin d’en faire résidence. A cette période, les toitures, les fenêtres et les appartements seront remaniés bien que conservant peu ou prou la distribution d’origine du château.
Héritant de Courtanvaux à la mort de son père, Anatole de Montesquiou-Fezensac oriente les travaux vers un retour à l’aspect médiéval du lieu et supprime certaines améliorations effectuées par ses parents. Le portail d’entrée retrouve son aspect médiéval tout comme les fenêtres.
Portail d’entrée, domaine de Courtanvaux
Leg principal, Anatole reprend le petit cabinet en en faisant une bibliothèque de style « troubadour », elle prend place dans un ancien escalier. Des ogives en bois, un parquet et des bibliothèques y sont réalisées sur mesure par un menuisier.
Bibliothèque, domaine de Courtanvaux
Les dernières transformations sont dues à Marie Bibesco. A la demande de la princesse, l’architecte Ferdinand Travaillard reprend le premier étage en faisant une enfilade de quatre salons dont le fameux salon des armoiries et ses 150 écussons qui « racontent » l’histoire qui a fait Courtanvaux.
Enfilade des salons, domaine de Courtanvaux
Tout domaine doit posséder sa chapelle, le domaine n’y déroge pas. Marie Bibesco en transforme l’entrée et « modernise » l’ensemble au style néo-gothique en 1893.
Chapelle, domaine de Courtanvaux
Le domaine de Courtanvaux évolue au rythme de ses occupants, de leur intérêt pour le domaine ou de leur position sociale. Aujourd’hui transformé en musée, le château nous permet d’appréhender plusieurs époques et de comprendre comment elles se sont liées dans le bâti.
Cheminée, domaine de Courtanvaux