L’Empire Romain et les barbares
L’Empire Romain reste dans les mémoires comme un modèle de conquête mais également d’émergence d’une culture commune. Malgré tout, Rome doit se défendre contre les ennemis qui sont à ses portes et son prêt à envahir l’Empire, notamment les Germains. Pour protéger les frontières, l’Empire envoi ses Légions et pour les installer durablement l’on va bâtir des castrums. Fondé sur un plan rectangulaire, il doit permettre de loger 6 500 hommes plus l’état-major et la logistique. Pour ce faire, le lieu choisit doit être à proximité d’une voie romaine, facile à défendre donc situer sur une hauteur ou sur un terrain dégagé mais également disposé d’un point d’eau pour le ravitaillement et l’hygiène très développée des romains.
Parallèlement à cela, on voit naître au sein de l’Empire des oppidums. Très simplement, l’oppidum est une ville bâtie sur une colline ou sur une hauteur qui est fortifiée, l’idée étant de se protéger des barbares.
Du castrum au château-fort
Avançons parmi les siècles, l’Empire romain n’est plus mais la nécessité de se protéger est toujours existante et va même jusqu’à se renforcer. Alors que l’Empire Carolingien est démantelé, les raids des Scandinaves s’intensifient et déstabilisent la Francie.
De fait, le 25 juin 864 le Roi Charles II dit le chauve promulgue l’Édit de Pîtres. Cet Édit implique une nécessité de fortification, en premier lieu, des ponts mais également la construction de forteresse à des points stratégiques pour se défendre contre les barbares.
Au IXème siècle, l’on voit donc apparaître des mottes castrales : une tour de bois élevée sur une hauteur ou une motte de terre artificielle ayant pour défense un fossé et/ou une palissade de bois, en proximité de la forêt et des points d’eau.
A partir du Xème siècle, on assiste à l’émergence de la motte castrale. Cette motte est haute de 10 à 60 mètres et sera élevée grâce au creusement d’un fossé. La tour placée sur la motte comprend un premier niveau avec des réserves et un second qui sert de chambre pour le seigneur et sa famille. Cette motte est construite au sein d’une basse-cour comprenant habitation et granges, le tout entouré de palissades de bois.
Malgré cela, les invasions et attaques diverses se poursuivent et il faut toujours plus de protection, l’on arrive donc à la fin du Xème siècle a développé l’enceinte castrale. Une double protection y existe : une tour-porche protège la basse-cour et les habitations ; un fossé puis une enceinte protègent la tour maîtresse, qui accueille le seigneur ainsi que ses gens en cas d’attaque.
Le bois peut être brûlé par l’assaillant. Le XIème siècle va donc nous apporter les forteresses en pierre, une enceinte n’existe pas toujours mais au minimum une tour en pierre de plusieurs niveaux s’élève et se doit d’être plus difficile à prendre.
Le besoin de sécurité n’étant toujours pas assouvi, l’on va aller plus loin et reprendre les principes romains pour créer les châteaux-forts.
Le château-fort
Le château-fort doit son arrivée à divers besoins des seigneurs. D’abord, il a un rôle administratif et politique, il est le lieu où est centralisé le pouvoir du seigneur ainsi que l’ensemble des documents de propriété, d’impôts, ainsi qu’une partie du savoir de l’époque.
Parallèlement, il va avoir un rôle économique, hormis la détention du trésor derrière les murailles du château, la place est un lieu de commerce où circulent nombre de marchandises provenant de châteaux voisins ou parfois de cités étrangères. N’oublions surtout pas le rôle symbolique du château. En effet, la construction d’un château n’est pas liée au hasard il fait montre de la richesse du seigneur : plus il sera grand et puissant plus le seigneur sera vu comme un homme important et incontesté.
Bien entendu, il est aussi un nœud de communication et le lieu de vie d’une populace en quête de protection.
S’il est la vitrine de la puissance du seigneur, il est également bâti à des fins de défense militaire et il doit être en mesure de contenir une garnison.
Ce faisant, le château-fort est bâti sur de solides fondations que ce soit sur une motte creusée et des fossés ou sur un éperon naturel.
La première ligne de défense est constituée du châtelet et des murailles. Le châtelet est la porte d’entrée du château, l’entrée étant régie par un pont-levis doublé d’une herse. Il est un château indépendant du reste de l’ensemble flanqué de deux tours jumelles ayant un rôle purement défensif comprenant souvent des meurtrières permettant de tirer des flèches sur l’ennemi.
Châtelet, Château de Vitré
Dans la prolongation du châtelet, on trouve la muraille. Épaisse de deux à trois mètres et haute de deux mètres jusqu’à mi-hauteur du châtelet, elle a pour rôle de constituer une barrière infranchissable pour les troupes ennemies et de résister aux armes de siège comme les mangonneaux ou les trébuchets.
Rempart extérieur, Château de Vitré
Les murailles sont le plus souvent parsemées de tours en haut des quelles il est possible de placer des hommes ou des canons. Entre les tours, la murailles permet également la circulation grâce aux chemins de ronde qui permettent la surveillance de l’ennemi, entre les créneaux, mais également de prendre position pour empêcher l’entrée des assaillants.
Chemin de ronde, Château de Vitré
A l’intérieur de cette première ligne de défense, la vie s’organise. On y retrouve les commodités « classiques » de l’époque : une chapelle, un puit, un logis, un grand logis, des cuisines, des granges mais également des ateliers de fabrications divers et les habitations des gens du seigneur. Ces constructions ont généralement disparu du fait d’un usage différent des châteaux aux époques suivantes mais il convient d’avoir à l’esprit que le château-fort n’est pas un lieu de silence et de passage militaire, c’est un lieu de vie où règne les odeurs de cuisines les bruits du marteau sur le fer, le crieur annonçant en place publique, le passage de soldats, des seigneurs et des dames et des vilains qui se rendent à la taverne où vont s’enquérir de travail.
Chapelle, Château de Vitré
La deuxième ligne de défense et souventes fois la dernières et la forteresse. La forteresse est constituée d’un donjon et d’une muraille ou simplement d’un donjon. La muraille aura la même fonction que pour la première ligne. Le donjon quant à lui à une fonction défensive extrêmement important en faisant la pièce maîtresse du château.
Le mot donjon est un dérivé du latin dominus que l’on peut traduire par maître ou seigneur. Traditionnellement, le donjon est la plus haute tour du château et en ce sens elle trône au centre du domaine fortifié. Ils pouvaient aller de 10 à 60 mètres de hauts avec plus ou moins d’étages. Pour exemple, le donjon de Vincennes, la résidence du Roi Charles V, est haute de 50 mètres, elle est un modèle du genre et sans doute l’une des plus connue à notre époque.
Donjon de Vincennes
Avant que le logis devienne la demeure du seigneur et de sa famille dans les temps moins difficiles, le donjon est un lieu d’habitation privilégié car plus facile à défendre. On y trouve au rez-de-chaussée des réserves diverses, au premier étage une grande salle pour les fêtes, le banquet et accueillir des hôtes de marques, l’étage supérieur est celui des chambres, au-dessus l’on trouve la salle d’armes et enfin au sommet une plateforme avec des créneaux destinés aux gens d’armes.
La disparition des châteaux-forts
Le XVème siècle marque petit-à-petit la fin des châteaux-forts. Pour cause, les armes de sièges parviennent à abattre les murailles et conquérir les donjons. En plus, les familles vivant pendant la renaissance sont à la recherche de la lumière et vont donc abattre les vieilles murailles et ouvrir des fenêtres dans les tours et les donjons qui vont donc perdre leur fonction défensive. Le manoir va devenir le lieu de résidence qui supplante le château-fort. La puissance des seigneurs devra être montrée d’une autre façon alors que s’ouvre l’époque du Roi-Soleil.
Château de Vitré