Cathédrale, un mot puissant qui résonne dans la mémoire collective associé aux grands monuments qui parsèment notre beau pays de France. Cathédrale vient du grec cathedra qui signifie siège à dossier. L’on retrouve dans la langue française le mot de cathèdre qui est une chaise provenant de la période gothique ou un Évêque s’assied au sein d’une cathédrale. La cathédrale est donc le lieu d’office de l’Évêque qui préside et accompagne un diocèse.
« Notre-Dame » implique que la cathédrale est dévolue à la dévotion de la Vierge Marie, mère de Jésus Christ.
Cathédrale Notre-Dame de Laon
L’église avant la cathédrale
Les écrits découlant de la tradition orale laissent à penser qu’il existât une église Notre-Dame de Laon dès les débuts de la christianisation de la Gaule sous domination romaine. Saint-Béat serait venu sur la formation rocheuse de Laon et aurait trouvé une grotte souterraine dont il aurait fait une chapelle dédiée à la Vierge Marie. Sur cette chapelle aurait été construit divers lieux de dévotion avant d’en arriver à la Cathédrale actuelle en son lieu et place.
Une église Sainte-Marie peut être identifiée, elle aurait d’ailleurs accueilli le futur Saint Rémi qui y serait venu étudier les Saintes Écritures. Par la suite, n’ayant pas oublié le lieu de son apprentissage, il aurait fait un don conséquent à la Laon pour y bâtir une grande église, un basilique, un lieu vaste et richement ornementé. Quelques informations nous permettent de dire que l’Évêque Adalbéron, qui officia de 977 à 1030 à Laon, fit faire de nombreux travaux dans l’église d’alors.
Fonds baptismaux, XIIème siècle, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Laon fût la capitale royale des mérovingiens et donc une ville fière d’elle-même. Ainsi, l’Évêque Gaudry eut à subir le pouvoir de ses habitant. Après un voyage effectué en Angleterre dans une époque troublée, la ville s’organise en commune. Il devra attendre le soutien du Roi de France Louis VI le gros pour reprendre ses prérogatives … Le 25 avril de l’an de grâce 1112, les habitants de Laon se levèrent et envahir le palais épiscopal, Gaudry sera massacré et son corps jeté dans la rue. Dans la confusion qui régna à Laon, le feu prit dans la Maison du Trésorier et gagna rapidement la grande église.
Chapiteau du cloître, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Alors que les travaux de réfection démarrèrent la chronique raconte que la foudre tomba sur l’édifice et y fît d’important dégâts … le lieu semblait difficile à faire renaître, il fallut donc détruire une bonne partie de ce qu’il restait avant d’espérer pouvoir rebâtir.
Deux années plus tard, le bâtiment fut restauré et rendu au culte, mais il semblerait que ce bâtiment ne soit pas l’actuelle cathédrale …
La cathédrale
L’ancien bâtiment était, à n’en point douter, du pur style roman, ce qui n’est pas le cas de la cathédrale actuelle.
Il semblerait que l’ancien bâtiment fût en grande partie rasé pour laisser place à un édifice plus spectaculaire qui fût dédicacé en 1257. La thèse ne semble pas si décousue, un bâtiment ayant brûlé aura été fragilisé et les restaurations auront été plus ou moins habile et n’auront sans doute pas permit de conserver l’édifice pour des raisons de sécurité.
Ainsi donc, il semblerait que la construction de l’actuelle cathédrale aurait débutée en 1170. Les études affirment que la tour de l’horloge, les tours du grand portail ou encore les dernières travées du chœur sont du début du XIIIème siècle. Ce qui tend à rendre l’année du début de la construction acceptable.
Pierre tombale d'un écclésiastique, Cathédrale Notre-Dame de Laon
L’harmonie de l’intérieur de la cathédrale frappe l’œil. Or lorsque l’on regarde plus en avant quelques incohérences de style existe, quelques atermoiements d’un style en évolution, ce style romano-ogival.
Un grand changement à lieu dans la nef : l’ancienne abside circulaire devient un chevet carré. Rappelons qu’au XIIIème siècle, l’autel n’est pas placé au centre de l’église mais dans son abside, ce qui implique donc une certaine volonté de gain de place. Quoiqu’il en soit la merveille était bâtie et elle serait l’un des joyaux de la chrétienté pour quelques temps avec un style différents des autres cathédrales.
L’Histoire nous conte que durant 3 ans, le culte n’avait plus lieu à cause de deux chevaliers qui eurent la bonne idée de s’opposer à un notable de la ville … ils allèrent chercher refuge à la cathédrale qui les y accueillit. Les habitants pénétrèrent la cathédrale et massacrèrent les deux chevaliers et un clerc, la cathédrale fût donc fermée conformément au droit canon.
La Renaissance fera son entrée dans la cathédrale au XVIème siècle avec la reprise des murs et des portes des chapelles latérales, de 1522 à 1575.
Plusieurs fois la cathédrale connaîtra encore la foudre ainsi que les vicissitudes des époques qu’elle aura traversé …
L’extérieur de la cathédrale
Ce qui marque d’abord l’œil, c’est la masse du bâtiment quel nous sommes confronté, c’est un colosse de pierre qui se dresse au sein d’un place très étriquée qui ne laisse pas assez de recul pour admirer l’ensemble du mastodonte.
Cathédrale Notre-Dame de Laon
Le grand portail est composé de trois porches, eux-mêmes supportant une grande rosace, une galerie et les deux tours.
Revenons aux porches, les profondes arcades donnent lieu à des voûtes de forme ogivale qui reçoivent des décors sculptés.
Le porche central est dédié à la Vierge, elle est représentée assise tenant le Christ enfant sur ses genoux. Le linteau nous présente des scènes de sa vie : son décès sur la partie inférieure entourée des douze apôtres dont deux semblent apposer sur elle un linceul ; au-dessus, la grande scène représente le Couronnement de Marie, revêtue d’un manteau riche elle porte un sceptre, en face d’elle le Seigneur a posé da main sur l’Évangile.
Linteau du porche central, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Sur le linteau de gauche, l’on trouve l’annonciation, la Visitation, la Nativité, l’Adoration des Mages, …
Linteau du porche de gauche, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Le porche de gauche traite du Jugement Dernier. « Lorsque le fils de l’Homme sera sur le trône de sa gloire pour juger le monde, vous serez aussi assis sur douze trônes et vous jugerez avec Lui les douze tribus d’Israël. » Le Christ est assis sur un trône et béni, il est d’une taille supérieure aux autres personnages comme cela se faisait pendant la période médiévale. L’on remarque à sa droite la Saint Vierge, les yeux dirigés vers son fils et les mains jointes implorants. L’apôtre Pierre figure à ses côtés tenant les clés du Paradis. On peut observer l’apôtre Jean à la gauche du Christ représenté sans barbe pour indiquer qu’il fût le plus jeune des disciples. Admirez aussi la symbolique de la Résurrection avec ses personnages qui soulèvent leurs tombeaux. En dessous du Christ l’on peut voir la Séparation des Justes et des Pêcheurs.
Linteau du porche de droite, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Au-dessus du porche, admirer la rosace ainsi que les deux fenêtres adjacentes et leurs programmes de sculptures très élaborés.
Rosace, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Le troisième étage est occupé par une galerie divisée en trois, l’on y découvre d’élégantes colonnettes tenant les toits faits de pyramides.
Colonnettes, Cathédrale Notre-Dame de Laon
L’on doit également s’attarder sur les deux tours qui furent à l’époque une merveille inégalée. On découvre dans le haut des tours les fameuses statues de bœufs.
Poursuivant notre découverte de ce lieu de ayant traversé les siècles non sans encombre l’on découvre un cloître.
Cloître, Cathédrale Notre-Dame de Laon
L’intérieur de la cathédrale
La cathédrale est basée sur une disposition en croix latine, c’est un vaisseau de 121 mètres de long pour 12 mètres de larges au niveau de la nef et 30,65 mètres de large au niveau des collatéraux et chapelles.
Nef , Cathédrale Notre-Dame de Laon
Ayant pu voir cette nef sans les assises traditionnelles, l’on peut se retrouver à l’époque où nombre de fidèles venaient épars entendre la messe debout. Notre esprit vagabonde et se prend a voir apparaître cette population venant faire ses devoirs de chrétiens et chercher l’espérance d’une vie meilleure, d’une bonne santé, d’une récolte fructueuse, de l’éloignement de la guerre et des troubles …
La nef est faite de douze travées. Le rez-de-chaussée est composé de massives colonnes rondes entrecoupées d’arc ogival. Le premier étage est plus élaboré et permet à la lumière de pénétrer dans la cathédrale, il permet aussi la circulation dans les hauteurs de l’édifice.
Nef , Cathédrale Notre-Dame de Laon
Les collatéraux et leurs petites chapelles offrent une ambiance plus intime et peut-être un peu étriquée.
Collatéraux, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Continuant nos pas, nous arrivons à la croisée du transept, nos yeux se lèvent vers le puit de lumière qu’est la tour-lanterne.
Tour lanterne, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Bien que légèrement désaxé, le chœur réserve quelques surprises. Fermé par une grille placée en 1806, le chœur plus moderne donne une lumière et une chaleur à l’édifice.
Chœur, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Il faut également prendre le temps de détailler les sublimes vitraux de la cathédrale. La rosace de la Vierge à l’Enfant est une véritable splendeur, l’un des trésors de la cathédrale.
Rosace, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Autres vitraux d’importances, ceux des Scènes de la Passion du Christ, dont les couleurs révèlent la richesse passée de la cathédrale.
Vitrail, Cathédrale Notre-Dame de Laon
Somme toute, la visite de la cathédrale de Laon est une véritable plongée dans le XIIIème siècle, l’odeur de la pierre, l’architecture du bâti, la sacralité de ce lieu qui a su conserver son essence ne peut nous laisser de marbre. L’amateur de patrimoine et d’histoire, comme je le suis, ne peut que se mettre en quêtes de pépites comme la cathédrale de Laon. En espérant que cette chronique vous aura donner envie de visiter ce lieu d’exception, ce trésor jalousement gardé, je termine la visite par une dernière image de cette cathédrale qui figure dans mes préférences.