Donjon de Septmonts

Le XIXème siècle est au romantisme. Ce courant est caractérisé par un renforcement de la sensibilité et de l’affectif, en opposition avec la raison et la morale. Dans cet esprit, la réappropriation des éléments du passé est importante. La ruine est un symbole, une allégorie d’un mal qui est celui de la mise au rebut de ce qui fût mais certains intellectuels vont défendre les ruines. Parmi les défenseurs, l’on retrouve François-René de Chateaubriand qui évoque les ruines dans le Génie du Christianisme en ces termes : « Les ruines sont plus pittoresques que le monument frais et entier. Les ruines permettent d’ajourer les parois et de lancer au loin le regard vers les nues, les montagnes. ».
Malgré tout, Septmonts serait sans doute resté dans les méandres de l’Histoire sans ce mouvement romantique. L’on sait que Victor Hugo fût de passage car il évoque en des termes plutôt élogieux le lieu dans une lettre de 1835 : « A deux lieues de Soissons, dans une charmante vallée … il y a un admirable châtelet du XVème siècle encore parfaitement habitable. Celle s’appelle Septmonts … Je te l’achèterais, mon Adèle. C’est la plus ravissante habitation … une ancienne maison de plaisance des évêques de Soissons. »

Septmonts et les évêques de Soissons

A quelques kilomètres de Soissons, l’on découvre le château de Septmonts. La petite ville endormie dans son rural manteau fut autrefois animée.  La place centrale nous accueille avec sa belle église Saint-André, d’un gothique flamboyant de la fin du XVème siècle.

Église Saint-André, Septmonts

Église Saint-André, Septmonts

L’on ne sait exactement de quand peut dater la présence d’un château sur le domaine mais Septmonts est cité au milieu du XIIème siècle dans un acte notarié comme étant une villa épiscopale. Il est donc possible d’évoquer que dès cette époque Septmonts est un lieu de plaisance ou du moins de retraite des évêques de Soissons.
Par ailleurs, les chroniques mentionnent la présence d’un prévôt, de quelques hommes d’armes et de dignitaires de l’Église au sein de Septmonts. Notons tout de même qu’à cette époque, il n’existe nulle mention d’un donjon ni d’un ensemble défensif mais d’une villa.
Dans le nord du Royaume, l’on note l’habitude des évêques de cette époque de posséder une maison de plaisance où ils se réfugient souvent pour échapper à leurs obligations et peut-être également aux demandes de leurs ouailles.
L’an de grâce 1362 voit Simon de Bucy devenir évêque de Soissons. Il apparaît comme évident que c’est lui qui fera bâtir le donjon de Septmonts, l’on peut signaler pour le justifier la présence de ses armes en clé de voûte de l’oratoire du donjon. Il est également connu que ce même prélat aura sans doute rendu l’âme à Septmonts car il indique dans son testament qu’il fût rédigé dans sa chambre d’apparat de la maison épiscopale de Septmonts.

Clé de voûte, Donjon de Septmonts

Clé de voûte, Donjon de Septmonts

Le lieu va évoluer sous l’épiscopat de Jacques de Bazoches qui va le transformer en un véritable château à défenses militaires. En effet, l’évêque va faire construire le donjon carré en prolongement du donjon de Simon de Bucy. Septmonts sera certainement habité en continu par les évêques de Soissons à partir du XIIIème siècle, il est donc logique qu’il fut sécurisé. 
A l’aube du XVIème siècle, les évêques élisent toujours demeure à Septmonts mais les habitudes de vie ont changé. L’évêque Symphorien de Bulliaud va donc présider à l’édification d’un logis d’un style purement renaissance. Il y mourra en 1534.
Les évêques vont progressivement laisser tomber leur résidence de Septmonts pour le Palais Épiscopal de Soissons et finissent pas cesser d’y résider à la fin du XVIIème siècle.
Le monument sombre malgré le rachat par un peintre puis par une baronne.
La première guerre mondiale laisse son empreinte : le logis renaissance est bombardé et passera quelques décennies éventrées.
Le site a été restauré et il est ouvert au public. Malgré son état de ruine, Septmonts est une des merveilles relativement méconnues du patrimoine français.

L’enceinte

L’enceinte médiévale use un plan classique : le donjon est dans l’une des quarts de l’ensemble et le reste des bâtiments comme l’écurie, le logis ou le cellier sont de part et d’autre des murs d’enceinte. Ici hormis le logis renaissance, il ne reste plus de traces de ces bâtiments … Toujours est-il que les dimensions de cette enceinte sont assez surprenantes et laisse supposer de la richesse de l’épiscopat de Soissons.
Promenons-nous dans l’enceinte. On y accède par l’entrée du lieu près du logis renaissance. L’on découvre dans l’angle une tour en bon état ainsi qu’une partie du mur d’enceinte permettant de figurer de l’ensemble.

Tour d’angle, château de Septmonts

Tour d’angle, château de Septmonts

A proximité de la tour d’angle, l’on découvre une arcade qui permettait la circulation entre les différentes courtines.

Arcade, château de Septmonts

Arcade, château de Septmonts

Dans le testament de l’évêque Simon de Bucy, on fait référence à une grande salle et à une chambre d’apparat, l’on peut imaginer qu’elles furent sur l’emplacement qui fût plus tard dévolu au logis renaissance. Ce logis fût rebâti à la fin du XVème siècle ou début du XVIème siècle afin d’offrir un confort de vie et un logis lumineux. Malheureusement, au vu du bombardement, l’on ne sait que peu de chose quant à la décoration ou aux pièces de ce logis.

Logis renaissance, château de Septmonts

Logis renaissance, château de Septmonts

Le mur d’enceinte percé d’arcade fermée dans la doublure du mur permet de renforcer l’enceinte.

Le château

Comme toute enceinte digne de ce nom, Septmonts possède son château et quel château, un ensemble assez exceptionnel malgré son malheureux état.
Le regard est happé par le formidable donjon et son style digne d’un conte de fée. Fort de ses 47 mètres, le donjon est composé de sept niveaux.

Donjon de Septmonts

Donjon de Septmonts

Il acquiert sa forme définitive et actuelle au fur et à mesure des constructions et amélioration diverse. Sa beauté n’est sans doute pas le fruit d’une recherche défensive mais de la recherche de tromper le regard sur les défenses du lieu ou encore de rendre agréable sa vue pour l’évêque de Soissons qui y tient résidence. Au pied du donjon, l’on identifie trois portes. L’une mène à un niveau inférieur doté d’une voûte qui peut être un cave ou un stock de poudre, si l’on admet la possibilité d’un donjon militaire.

Escalier vers le niveau inférieur, château de Septmonts

Escalier vers le niveau inférieur, château de Septmonts

La seconde porte ouvre vers une petite tour qui est la salle de garde du donjon. La dernière porte permet d’accéder à l’escalier en passant par une salle à la voûte croisée d’ogives armoriée Simon de Bucy et dotée d’une belle cheminée.

Salle du donjon, château de Septmonts

Salle du donjon, château de Septmonts

L’escalier permet d’accéder aux niveaux supérieurs dont un espace résidentiel, un lieu de prière, une salle de travail et une plateforme qui n’en est plus une. A proximité du donjon, l’on découvre la salle Saint-Louis dont le bâti impliquait plusieurs niveaux.

Salle Saint-Louis, château de Septmonts

Salle Saint-Louis, château de Septmonts

Alors que le rempart est épaissi avec un mur en arc brisé qui ajoute esthétique force, un escalier à vis est installé à l’extérieur de la Salle Saint-Louis dont le plafond sert de plateforme d’observation.

Escalier à vis, château de Septmonts

Escalier à vis, château de Septmonts

Tout à l’est du domaine, l’on trouve le petit donjon bâti avec un plan carré dans un style esthétiquement abouti mais cette tour de trois étages avait une pure vocation de défense comme le prouve ses ouvertures vers l’extérieur de l’enceinte.

Petit-donjon, château de Septmonts

Petit-donjon, château de Septmonts

Le château du XIIIème fût entouré de douves permettant une protection optimale. Elles furent dégagées nous permettant d’avoir une vue complète du monument.

Douves, château de Septmonts

Douves, château de Septmonts

Ce monument d’exception qui nous est offert nous emmène vers un autre temps. La visite peut aisément se poursuivre sur le parc situé à l’arrière du château.

Parc, château de Septmonts

Parc, château de Septmonts